Il y a cent ans jour pour jour ; le 21 Février 1916; commençait la plus grande bataille de l'Histoire: VERDUN: 300 jours de guerre. 700.000 pertes.
Entre commémorations et reportages divers qui vont marquer le Centenaire de la bataille, l'AEC a une pensée pour tous les combattants qui y ont laissé la vie, ou qui y ont été blessés à tous les sens du terme. Ils vous invitent à lire ou relire la lettre du soldat Gaston Biron à sa mère.
L'Equipe AEC
PAROLES DE POILUS, Lettres et carnets du front 1914-1918.
Samedi 25 mars 1916 (après Verdun)
Ma chère mère,
« [...] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s'il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s'en tirer, je n'en sais rien, pourtant j'aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours, j'ai cru ma dernière heure arrivée. Nous étions tous montés la-haut après avoir fait le sacrifice de notre vie, car nous ne pensions pas qu'il fût possible de se tirer d'une pareille fournaise. Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert et personne ne pourra jamais savoir par quelles transes et quelles souffrances horribles nous avons passé. A la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s'ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d'un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille ; ah ! j'ai bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma plus grande souffrance que l'idée de ne jamais vous revoir.[...] »
Gaston Biron
Blessé le 8 Septembre 1916; Gaston mourut de ses blessures le 11 Septembre à l'Hôpital de Chartres.