Cette histoire est celle d'un jeune agriculteur de 19 ans habitant de la commune d'Etavigny, un village durement éprouvé par les combats de septembre 1914. Il s'appelait Edouard Renaud et, comme de nombreux cultivateurs désireux de remettre en culture leurs champs encore truffés de ferrailles et d'obus non éclatés, il eut l'imprudence d'en manipuler un que sa charrue heurta lors du labour. La scène se déroula plus de quatre ans après la bataille de l'Ourcq, le 3 décembre 1918, alors que la guerre de mouvement s'était depuis longtemps mue en guerre de position dans les tranchées le long d'un front courant de la mer du nord à la frontière suisse. Tout danger semblait écarté dans cette commune du Multien en grande partie en ruine et qui avait perdu son maire au combat(1). Cette histoire malheureuse nous rappelle combien cette guerre tua de civils après le passage des armées et parfois longtemps après la guerre. Elle nous appelle encore, plus de cent ans après la fin de la Première Guerre Mondiale, à la vigilance. En effet, il n'est pas rare que certains imprudents soient encore victimes de cet armement de mort qui sommeille dans la terre et qui peut à tout moment se rendre dangereux voire mortel. Que le sort de ce pauvre Edouard Renaud nous serve de leçon et de rempart contre la tentation de manipuler ces témoins de la guerre.
L'Equipe AEC
(1) Il s'agit de Jules Constant PIOT, cultivateur à Etavigny, tué le 26 décembre 1914 à la tranchée de Calonne en Argonne.
Article du Figaro du 8 décembre 1918 relatant l'accident dont fut victime Edouard Renaud. Source: Rétronews
La tombe d'Edouard Renaud au cimetière d'Etavigny sur laquelle une plaque a été posée par sa mère.... Coll. AEC
Etavigny 1914. Extrait de l'ouvrage de Gervais-Courtellemont, les champs de bataille de la Marne, 1915 ,CPA (Coll. AEC) et plaque de verre (Coll. Hist&A)