Il y avait du monde ce vendredi 11 novembre à Betz pour la traditionnelle cérémonie commémorant le 104e anniversaire de l'Armistice. 9 des 13 élèves de l'AEC ont répondu présents pour y assister et y lire des textes. Nous avons eu le grand plaisir d'y retrouver des anciens de l'AEC aujourd'hui lycéens dont 3 ont accepté de lire en public. Le beau temps était cette fois de la partie. Cette année, en plus des soldats inscrits, c'est le monument aux morts, lui-même qui a été mis à l'honneur. En effet, celui-ci ayant été inauguré le 15 octobre 1922, il était intéressant de restituer au public , le déroulé de la cérémonie d'alors, il y a cent ans. Le groupe a lu le compte-rendu de l'inauguration retrouvé dans les délibérations communales grâce au travail effectué par le Foyer Rural en 2004, et qui en a publié un document. C'est sur celui-ci que l'AEC s'est appuyé. Ensuite, ce fut au tour de Léa de prendre la parole, ancienne élève de l'AEC aujourd'hui lycéenne de 1ère au lycée Jean Monnet de Crépy. Léa a présenté les résultats d'une petite étude réalisée sur le monument par l'AEC il y a quelques années. Enfin, ce fut au tour d'Amaia et de Laïs (elles aussi lycéennes) de lire un très joli texte de la composition d'Amaia qui s'est mise dans la peau du monument, témoin des épisodes marquants de la vie et de l'histoire de Betz auxquels il a assisté de sa position centrale dans le village. Un texte touchant et original que nous publions ci-après. Nous remercions chaleureusement Amaia et la félicitons pour ce travail de qualité ainsi que ses camarades volontaires pour lire en public, ce qui est un exercice difficile. Un grand bravo à tous pour votre engagement. Devant l'intérêt suscité par les textes lus, Mme le Maire de Betz, Mme Dolléans proposa de faire une deuxième lecture en mairie à l'issue du traditionnel pot de l'amitié.
Une belle cérémonie en présence des Elus des communes d'Antilly, Cuvergnon et Bargny, des porte-drapeaux et d'une assistance nombreuse de Bessins sans oublier M.Roussel, adjoint au collège et Mme Wargnier que nous remercions pour tout le travail réalisé. Merci à Hugo pour les photos.
L'Equipe AEC
Le cortège et le discours officiel de Mme le Maire de Betz
Les élèves de l'AEC évoquent l'inauguration du monument en 1922. Photos AEC
Nos fidèles lycéennes de retour parmi nous.
Compte-rendu de l’inauguration du Monument aux Morts de Betz le 15 octobre 1922
JOSHUA :
Le dimanche 15 octobre 1922, a été inauguré le monument élevé sur la place du marché de Betz, pour perpétuer la mémoire des enfants de la localité « Morts pour la France ».
ANAÏS :
Le matin, un service religieux a été célébré par M. l’Abbé Grison, curé doyen, suivi de la bénédiction du mausolée.A midi, un banquet, présidé par M. Paisant, député, a réuni à l’hôtel de la Gare, les notabilités du canton et les conseillers municipaux.
JULIE :
M. Paisant avait autour de lui M.M. Delacroix : Conseiller Général, Delozanne, maire d’Acy-en-Multien, Hérouin, maire de Betz, Courtier, maire de Villers-St.-Genest, Pénot, maire de Boursonne, Hamelin, maire d’Antilly, Renard, maire d’Ivors, Maillard, maire de Bargny, des militaires et des conseillers municipaux
Au dessert, des discours ont été prononcés par Messieurs Hérouin, le maire, Delacroix, Conseiller Général et Paisant, député.
LEONIE :
Le cortège s’est formé ensuite au carrefour des quatre chemins route d’Acy. Il était composé des Sapeurs-Pompiers, des vétérans des sections de Combattants d’Acy, Betz, Mareuil, avec leurs drapeaux, les enfants des écoles, les notabilités du canton, les Conseillers municipaux de Betz. Il s’est rendu devant le monument aux accents de la société musicale de Crépy-en-Valois.
CELIA :
Devant le monument, M. Hérouin, maire, a pris la parole pour témoigner notre ardente et éternelle reconnaissance aux morts de la Grande Guerre et avant de confier définitivement le monument à la garde de la population, M. Pénot, le plus âgé des mobilisés de la localité, a procédé à l’appel solennel des héros de Betz, morts pour la France, pendant que les enfants répondaient à chaque nom : « Mort pour la France ».
MAÏWENN :
La musique a joué la Marseillaise.
Puis ce sont les enfants des écoles qui ont récité et chanté des morceaux pour glorifier nos morts immortels.
La Société musicale a exécuté la Marche Funèbre de Chopin et tout le cortège s’est rendu à la Mairie où a eu lieu la dislocation.
LUKA
Un vin d’honneur fut offert à toutes les autorités (à la mairie) et à toutes les sociétés (dans les différents débits de la localité).
Le Conseil municipal, à l’unanimité, décide que ce compte-rendu sommaire figure au registre des délibérations pour perpétuer le souvenir des enfants de Betz « Morts pour la France » pendant la Grande Guerre de 1914 à 1918.
Texte lu par les élèves de l'AEC d'après le document réalisé par le Foyer Rural en 2004.
Source: Délibérations communales de Betz, 1922. Archives communales de Betz.
ÉTUDE DU MONUMENT AUX MORTS DE BETZ
Le monument aux morts de Betz a été inauguré le 15 octobre 1922 sur la place du marché en contre-bas de l’église à l’intersection des routes menant à Crépy et à Mareuil dans l’actuelle rue de la Libération.
L’étude menée sur 23 des 26 noms des soldats « Morts pour la France » en 1914-1918 inscrits sur le monument aux morts fait apparaître que :
-11 d’entre eux étaient natifs de la commune et 3 de communes proches.
-Leur moyenne d’âge est de 26 ans, le plus jeune avait 19 ans et le plus âgé 36 ans.
-8 sont morts en 1914
-4 en 1915
-2 en 1916
-4 en 1917
-5 en 1918
A eux seuls, ces soldats couvrent toutes les grandes batailles de la Première Guerre Mondiale, tous les théâtres d’opération y compris le front d’Orient. Beaucoup ont été tués lors des premières batailles de 1914, c’est-à-dire du tout début de la guerre de mouvement en août 1914 (Maubuisson) à la bataille de la Marne de septembre 1914 (Brisset et Chardonnet) puis lors du repli allemand vers les tranchées (Ischer). Ensuite, ce sera la guerre de position avec ses batailles de Champagne (Vanier), Les Éparges (Louis Déchant), la Somme, et ce jusqu’en 1918 (Thuillier).
Si la plupart sont décédés de leurs blessures, ou tués sur le coup, il est à noter que 4 d’entre eux sont morts de maladie contractée en service dans les hôpitaux militaires de l’arrière.
Texte lu par Léa.
Source: Etude réalisée par les élèves de l'AEC
Texte écrit par Amaia (lu avec Laïs):
Aujourd’hui, en ce jour si important, pour mon centième anniversaire. J’aimerais vous raconter les événements marquants qui se sont déroulés en cette belle commune de Betz.
Tout commence en 1922, l’année où l’on m’a créé, battit, sculpté ; afin d’honorer les soldats partis au front et qui jamais ne rentreront chez eux. Et oui, c’est à moi que revient le privilège de ne pas les oublier. La première guerre mondiale fit près de 1,4 million de morts dont 27 qui sont nés et qui ont vécu dans notre commune et celles environnantes. À la fin de ce conflit militaire, on me fit décerner la croix de guerre avec palme qui symbolise la victoire et le sacrifice que l’on peut encore apercevoir à la mairie.
Durant l’Entre-deux guerres, les habitants de Betz recommençaient à vivre, la guerre était finie et la vie reprenait son cours. Je me souviens, en été, de quelques enfants qui s’amusaient à mon pied, les pigeons se perchant sur l’église et les rayons du soleil qui brûlaient les feuilles, les soldats aux visages déformés ; qu’on appelle "gueules cassées" ou encore de celles et ceux que la guerre a brisés et qui devaient avancer sans se rendre compte qu’un nouveau conflit se préparait.
La seconde guerre mondiale est déclarée en septembre 1939, et au même moment, la construction de la ligne Chauvineau débuta. Je pouvais apercevoir les camions traversant la ville pour édifier les blockhaus non loin. Malheureusement cette ligne militaire défensive ne servit que très peu et en juin 1940, les nazis gagnèrent grâce à leur redoutable "Blitzkrieg" ou "guerre éclair". Ils envahirent la France et occupèrent le nord dans un premier temps. Lorsque les habitants de Betz apprirent l’arrivée des nazis, tous se précipitèrent sur les routes afin d’échapper à cette tempête qui arriva d’Allemagne. Je me souviens de la ville fantôme qu’elle fut devenue durant l’Exode. Toute la vie avait disparue. La solitude et le vide avait engloutit la ville et puis, un beau jour, je vis revenir ses habitants. Tous rentrèrent chez eux. Durant cette période, je fus témoin du passage des nazis fréquemment stationnés au château de Mme Vincent. Parfois, j’apercevais dans la nuit, quelques résistants cachant les soldats anglais qui nous venaient en aide. Tout prit fin à partir du débarquement en Normandie le 6 juin 1944 qui précéda la libération. Les chars américains débarquèrent bruyamment dans Betz afin de délivrer le village de l’occupation. Je pouvais entendre le vacarme des chenilles des tanks frapper contre les pavés de la route. Cela fit un bruit atroce. Les Alliés reprirent Paris et la guerre se termina enfin. Durant cette période terrible, les 11 novembre étaient interdits par l’occupant. Plus de drapeaux, plus d’anciens combattants recueillis, ni d’enfants chantant la Marseillaise. J’étais oublié, muet, seul et triste. Après la guerre, les gens ont recommencé à vivre normalement. On m’affubla malheureusement de 3 nouveaux noms. Puis, d’un quatrième ; Maurice Pusset qui fut ajouté en 2021.
Chaque année nous nous réunissons afin de leur rendre hommage et se souvenir de tous ces soldats morts pour la paix, mort pour la liberté de notre pays. C’est moi, oui c’est moi l’image éternelle de ces soldats. Ne m’oubliez pas car si vous m’oubliez, vous oublierez tous ceux qui vous ont apporté la paix. Ceux, qui ont sacrifié leur vie pour la liberté.
Amaia POITEVIN
Betz, 11 novembre 2022