Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 septembre 2023 1 18 /09 /septembre /2023 20:09
L'AEC rencontre Ginette KOLINKA rescapée du camp d'Auschwitz-Birkenau

C'est une rentrée pas comme les autres cette année pour l'AEC. En effet, à peine le nouveau groupe formé, celui-ci a la chance de pouvoir rencontrer Ginette KOLINKA pour une conférence-témoignage sur son expérience concentrationnaire. La rencontre, organisée par les collèges Guillaume Cale de Nanteuil et Marcel Pagnol de Betz s'est déroulée dans le premier, vendredi 15 septembre 2023 à Nanteuil. Agée de 98 ans, Ginette a accepté notre invitation pour échanger avec les élèves de 3è le temps d'une après-midi inoubliable. Un moment que les élèves ne sont pas prêts d'oublier. Accompagnés par Mme Wargnier, Mme Gilles, Mme Cassagne, M.Variniac et M.Abran, les 16 élèves, tout juste recrutés sont entrés dans le grand bain de l'histoire et du témoignage direct. Deux heures durant, Ginette a raconté ses heures sombres vécues durant la Seconde Guerre Mondiale. Alors âgée de 19 ans, elle, la jeune parisienne de 19 ans de confession juive a connu l'arrestation, la déportation et les souffrances multiples dues aux privations en tous genre. Avec beaucoup d'émotion, elle a raconté au public collégien son parcours, sa rencontre avec celle qui restera son amie toute sa vie: Simone Veil, son retour à Paris et la perte de son père, son frère et son neveu assassinés dans le camp d'extermination de Birkenau par les nazis. Depuis, quelques années, Ginette témoigne aux jeunes générations pour que ne soit jamais oubliées les horreurs commises au nom de la haine. Ginette a communiqué sa foi en l'Humanité aux élèves, en les mettant en garde contre l'intolérance qui mène à l'irréparable. Une grande dame, pétrie d'humanité, de douceur et d'optimisme. Une leçon d'histoire, d'humilité et de courage et une rencontre unique avec l'une des dernières rescapées des camps de la mort. Un événement qui fera date dans l'histoire de l'AEC.

Un grand merci à Ginette

Tous nos remerciements à l'équipe du collège Guillaume Cale de Nanteuil-le-Haudouin.

L'Équipe AEC

Un souvenir inoubliable pour les élèves et leurs professeurs.
Un souvenir inoubliable pour les élèves et leurs professeurs.
Un souvenir inoubliable pour les élèves et leurs professeurs.
Un souvenir inoubliable pour les élèves et leurs professeurs.
Un souvenir inoubliable pour les élèves et leurs professeurs.
Un souvenir inoubliable pour les élèves et leurs professeurs.

Un souvenir inoubliable pour les élèves et leurs professeurs.

"Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 à Avignon avec son père, son petit frère et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Birkenau. Elle sera la seule de sa famille à en revenir. Dans ce convoi se trouvent aussi deux jeunes filles dont elle deviendra l'amie, Simone Jacob et Marceline Rosenberg, plus tard Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens....."

Extrait de la quatrième de couverture du livre de Ginette Kolinka et Marion Ruggieri, Retour à Birkenau, Grasset, le livre de poche, 2019.

L'AEC conseille à nos lecteurs cet ouvrage dont voici un extrait:

"Les phares nous aveuglent. Des soldats hurlent : Schnell ! On nous pousse, on nous soulève
de force, on nous fait signe de descendre. Des femmes s'accrochent à leur maigre bagage,
mais on les en empêche, on leur tord le bras. Les valises restent là. Il y a des cris, des
bousculades, des ordres en allemand. Sur le quai, les chiens aboient. Je ne comprends rien.
Quelqu'un me traduit : « on va vous emmener à pied au camp, mais le camp est loin. Il y a
des camions pour les plus fatigués. »
Cette phrase, soixante-dix ans après, résonne encore en moi. « Il y a des camions pour les
plus fatigués. » Dans ma naïveté, cette naïveté qui m'a peut-être sauvée et qui les a
condamnés, je pense à mon père, amaigri par ces dernières semaines, exténué par le
voyage, je pense à Gilbert, mon petit frère, qui n'a que 12 ans, à sa petite tête ébouriffée. Et
je m'entends leur crier :
« Papa, Gilbert, prenez le camion ! »
C'est toujours ça qu'ils n'auront pas à faire à pied.
Je ne les embrasse pas. Ils disparaissent.
Ils disparaissent.
Je reste sur le quai, avec mon neveu, aveuglée par les lumières. L'aube se lève. Quelqu'un
crie : « Les hommes d'un côté, les femmes et les enfants de l'autre. » Je prends mon neveu
avec moi, il a 14 ans, c'est encore un enfant même s'il fait plus vieux. Mais il s'est fait des
copains à Drancy ou dans le train, un peu plus âgés que lui, et préfère rester avec eux. Je le
comprends, après tout, j'ai 19 ans et j'aurais fait pareil ! Lui non plus je ne l'embrasse pas.
« Va, va avec tes copains, à tout à l'heure. »
Nous sommes regroupés par cinq. Chaque rang passe devant des soldats qui nous trient et
nous placent de part et d'autre d'une ligne imaginaire. Je suis bonne pour marcher, les autres
montent dans les camions, même celles qui ne veulent pas. J'apprends que nous sommes à
Birkenau, en Pologne, et à chaque pas je pense à Gilbert et Papa, comme ils ont bien fait de
s'épargner ça. J'aperçois de la fumée, sans doute la cheminée de l'usine, et d'ailleurs il y a
des femmes qui travaillent au loin. Plus nous approchons, plus elles me semblent étranges,
chauves, anormalement maigres, on dirait des folles. J'ai encore toute ma tête et, à cet
instant, je me demande s'il n'y aurait pas un camp d'aliénés dans les environs. Elles nous
dévisagent par en-dessous, je remarque leurs yeux perdus, enfoncés dans les orbites.
Après un kilomètre de marche environ, nous tournons à gauche pour pénétrer dans un vaste
bâtiment. Des tables longent un côté de la salle, et derrière ces tables, des femmes nous
attendent. « Déshabillez-vous ! », ordonnent-elles. Certaines d’entre nous ont encore leur
manteau ou leur veste, je ne porte qu’un chandail en laine. Je l’ôte, je le plie et le pose à
terre. Schnell ! Schnell ! Je continue, j’enlève ma robe ou ma jupe, je ne sais plus, et je
demeure ainsi, debout, en combinaison. C’est encore trop, alors je fais glisser ma
combinaison, pour ne garder que mes sous-vêtements. Je suis la cadette de six soeurs, nous
dormons ensemble tous les soirs, dans la même chambre, trois par lit, et je ne les ai jamais
vues nues. Ma mère nous a élevées ainsi. A cet instant, j’espère encore… Et c’est tout mon
monde qui vacille. Je dégrafe mon soutien-gorge, fais glisser ma culotte. Je tente de cacher
mon sexe d’une main, mes seins de l’autre. Je baisse les yeux, mais malgré moi je vois et ce
que je vois, je ne l’aurais jamais imaginé : des seins affalés sur des plis de chair, la peau du
ventre sur les cuisses… On nous demande d’avancer vers la table. Faut-il écrire quelque
chose, signer un papier ? Une des deux femmes me saisit le bras, je suis à nu. Elle me
tatoue : matricule 78599. Il y en a, paraît-il, qui hurlent de douleur, de surprise, d’effroi. Je
ne sais même pas si ça fait mal, tant la honte de la nudité est forte, cuisante. Je ne sais rien
d’autre."
Ginette KOLINKA (avec Marion RUGGIERI) Retour à Birkenau, éditions Grasset et Fasquelle, 2019
extrait de l'édition Livre de poche, 2020, pages 13 à 15.

L'AEC rencontre Ginette KOLINKA rescapée du camp d'Auschwitz-Birkenau
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de l'AEC"Archéo-Blockhaus" du collège de Betz
  • : Ce blog a pour but de présenter les travaux effectués par un groupe d'élèves volontaires de 3e participant à une Action Educative et Culturelle (AEC) autour de la ligne Chauvineau et plus largement dans le Valois
  • Contact

Texte libre

Recherche