Hugo est un élève de 3ème qui ne fait pas partie de l'AEC, mais son intérêt pour l'Histoire et celle de son aïeule Arlette, lui a ouvert les portes du projet. S'étant investi dans l'histoire familiale, il a pu présenter ce sujet à l'oral du DNB. Un très bel hommage à son arrière-arrière grand mère, une femme engagée sur plusieurs front. Voici le résumé de sa vie réalisé par Hugo que toute l'équipe félicite.
Arlette HERVIGOT, née Fleury est l’arrière-arrière-grand-mère maternelle de Hugo PONET, élève de 3ème au collège Marcel Pagnol de Betz (Oise) en 2023-2024.
Née le 1er mai 1912 à Vineuil, elle était la fille d’Ulysse FLEURY (1884-1967), maire de la commune de VINEUIL à la Libération et de Louise Gilberte BELIN (1888-1974). Elle eut un frère Gérard (1920-2008).
Elle se maria à Robert Fesneau avec qui elle eut deux filles : Colette et Andrée
Elle est décédée le 2 novembre 1987 à Blois à l’âge de 75 ans.
SES ENGAGEMENTS POLITIQUES ET CITOYENS :
Arlette s’engagea dans la lutte pour le progrès social, la Paix et la Justice. Elle milita au PCF clandestin à partir de 1942 et lui restera fidèle. Elle sera à la Libération une des dirigeantes de la Fédération de Loir-et-Cher du PCF de 1953 à 1959.[1]
Elle devint présidente de l’Union des Femmes Françaises qui regroupe des femmes qui agissent pour le mieux-vivre, l’égalité des droits et les libertés des femmes.
Élue conseillère municipale à Blois à la Libération.
Son action fut aussi menée dans la lutte contre les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie et pour la Paix.
A la fin de sa vie, elle participa activement à la diffusion du journal communiste l’Humanité. Elle fut aussi une militante active de l’Amicale des Vétérans du PCF
Elle a reçu la médaille de la Résistance.
TÉMOIGNAGE de Jacques FRANCOIS
« Arlette n’était pas une femme pour les coups durs comme agent de liaison, ou transport d’armes ou de propagande antiallemande.
Elle avait d’autres responsabilités qui, à mes yeux, étaient plus grandes et plus dangereuses.
Par exemple, c’est chez elle que chaque semaine, avait lieu la réunion de l’appareil de direction du Parti des Jeunesses et des responsables militaires pour le département.
C’est chez elle que s’organisaient les parachutages les plus célèbres et cela au nez des Nazis.
Sa ferme était aussi une planque pour certains responsables en particulier Faucheux [2] et, pendant un certain temps Georges Hutin, délégué de Londres et futur sous-préfet de Vendôme.
Sa maison abritait aussi un service technique, avec Gestetner[3] et papier en gros, machine à écrire.
En mai 1944, les Allemands qui avaient localisé le village des Noëls, grâce aux renseignements de quelques collaborateurs de la localité, déclenchèrent un matin à 10 heures, une grande opération militaire et policière avec chiens et mirent ? une batterie de fusils-mitrailleurs aux carrefours principaux.
La maison d’Arlette fut fouillée de la cave au grenier. Lors de la fouille, un camarade responsable avait eu le temps de grimper sur une poutre de l’écurie de la ferme.
Il ne dut son salut et aussi celui de celle qui l’hébergeait, qu’en se camouflant sur une autre poutre assez large. Les Allemands fouillèrent la grange dans ces moindres recoins, mais ne regardèrent jamais au-dessus de leur tête, ce qui fait que le camarade et Arlette en furent quitte pour une peur seulement.
A partir de 1943, Arlette fut désignée comme responsable adjointe de l’Union des Jeunes Françaises qui, rapidement, par son travail, devint une grande organisation de masse regroupant des centaines de femmes qui se battaient pour le pain et la liberté.
A la Libération du département, après le départ de Mireille Degarde sur Paris, Arlette devint secrétaire départementale de l’U.F.F. où elle montra ses qualités d’organisatrice en particulier pour les soldats du corps francs Valin de la Vaissière qui étaient sur le front de la poche de Lorient.
En conclusion, nous dirons qu’Arlette fut de ces femmes généreuses et courageuses qui connaissent les dangers immenses de leurs responsabilités, qui étaient en première ligne des combats contre les Nazis et les hommes de Vichy, en particulier ceux de la collaboration en Loir-et-Cher. »
[1] https://maitron.fr/spip.php?article50141, notice FLEURY Arlette par Claude Pennetier, version mise en ligne le 8 mai 2009, dernière modification le 22 août 2021.
[2] Né vers 1911 ; cheminot ; militant communiste du Loiret ; résistant ; conseiller municipal d’Orléans (Loiret).
Cheminot, André Faucheux adhéra au PCF en 1936 et y occupa des responsabilités avant 1939.
Prisonnier en 1941, il fut rapatrié à Châteauroux en octobre 1941. Arrêté le 14 juillet 1943 en raison de ses activités de résistance, il s’évada le 25 novembre 1943.
Il fut l’un des responsables FTP du Loir-et-Cher et chef de l’état-major de ce mouvement lors de sa création à l’hiver 1943. Il succéda le 30 avril 1944 à André Souquière* à la tête des FTPF de la région du Loiret. Il fut secrétaire régional du Parti communiste du Loiret à la Libération.
Secrétaire du syndicat des cheminots d’Orléans en 1954, conseiller municipal à la même date, il fut également membre du comité fédéral de la fédération PCF du Loiret en 1953-1954. Suivant une note manuscrite sur la liste du comité fédéral, il fut alors « relevé du CF ».
https://maitron.fr/spip.php?article3719, notice FAUCHEUX André [cheminot] par Jean-Pierre Besse,
[3]Une « Gestetner » : machine à ronéotyper (imprimer) des documents.
1er septembre 1944. La libération de VINEUIL.
Blois-rive-droite était entièrement libérée depuis le 16 aout 1944, mais Blois-Vienne et toute la rive Sud de la Loire était encore aux mains des Allemands. Des combats opposaient ceux-ci aux les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) et Francs-Tireurs et Partisans (FTP), sous les ordres du Colonel Vallin de la Vaissière.
La municipalité de VINEUIL, en place sous l’occupation, démissionne.
Le 16 août, les Allemands font sauter les trois arches centrales du pont Jacques Gabriel.
Le même jour, une centaine de soldats allemands s’installe à VINEUIL, aux 2 fermes du lieu-dit « Feuillarde » avec un dépôt d’essence et un point d’artillerie à proximité. Signalé par la résistance locale, ce point est mitraillé par un avion allié et le dépôt explose.
Les échanges de tirs (armes lourdes et légères) continuent de part et d’autre de la Loire. Les groupes de la résistance harcèlent les troupes Allemandes au sud de la Loire jusqu’au 31 aout.
Dans la nuit du 31 aout au 1er septembre 1944, les Allemands se retirent de l’ensemble de la rive gauche de la Loire et prennent la direction du sud du département.
Le matin du vendredi 1er septembre, les FFI traversèrent la Loire en bateau. Le Commandant Judes (militaire de métier), avait donné pour mission à une compagnie FFI de prendre position dans les villages au sud de la Loire. Parmi eux des jeunes gens de Blois-Vienne, St Gervais, Vineuil-Les Noëls, St Claude, Maslives, Montlivault.
Ce sont donc des troupes françaises (dont des VINOLIENS) qui investissent VINEUIL en cette fin de matinée du vendredi 1er septembre 1944.
Quelques résistants de VINEUIL, hommes d’expérience, sous la direction d’Ulysse FLEURY des Noëls, influent au sein des FTP, prirent aussitôt le contrôle de la mairie pour assurer la gestion des affaires urgentes : la sécurité des personnes, des biens et le ravitaillement. Et la continuité du service public communal.
Le Commandant Judes, dans l’après-midi du vendredi 1er septembre, en inspectant VINEUIL et les autres villages du Sud de Blois, fait état dans ses rapports, « de villages en délire ».
Par la suite, les plus jeunes des FFI du Blésois continuèrent le combat contre les Allemands dans le sud du département, dans le Cher et l’Indre jusqu’au 15 septembre.
A ce moment, dans toutes les régions déjà libérées, de retour dans leurs villages ou leurs quartiers, les résistants s’affichaient. Parfois trop pour les nouvelles autorités qui craignaient des débordements. Très rapidement, un décret du gouvernement provisoire et applicable au 1er octobre 1944, précisa que l’armée FFI ne serait plus constituée « que de militaires qui souscrivent un engagement pour la durée de la guerre, les autres seront démobilisés « (et donc de fait désarmés).
Les jeunes du Blésois qui n’avaient pas fait leur service militaire, firent leur instruction militaire à la Caserne Maurice de Saxe dès le 20 septembre 1944. A noter que l’instruction au maniement des armes fut une formalité pour ces « jeunes-anciens combattants ».
Après « les Classes », ils rejoignirent en nombre le Corps du Colonel Vallin de la Vaissière, qui, pour certains, était déjà leur supérieur dans la Résistance. Ils avaient pour lui une grande admiration et un profond respect. Ils partirent en novembre 1944 combattre les Allemands qui occupaient encore la poche de Lorient. Jusqu’à l’armistice du 8 Mai 1945.
Ils regagnèrent leurs foyers entre décembre 1945 et février 1946. En gardant pour toujours le souvenir de leurs camarades tombés.
D’après Raymond Casas de Bas Rivière : « Les Volontaires de la Liberté »,