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12 novembre 2024 2 12 /11 /novembre /2024 18:17
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest

Ils sont venus nombreux les élèves et les fidèles de l'AEC ce lundi 11 novembre dans la commune de Villers-Saint-Genest pour commémorer l'Armistice et rendre un hommage appuyé au soldat Félix Barizet. La cérémonie officielle menée par M.le maire Thierry Tavernier a démarré vers 11h45 au monument aux morts avec la traditionnelle lecture du discours ministériel. Après la cérémonie patriotique menée par Charles Geurts et les Anciens Combattants du secteur, les élèves de primaire de Mme Hébert-Kponnon ont lu avec brio une lettre de Poilu qu'ils ont écrite eux-mêmes en classe. Puis, ce fut au tour des élèves de l'AEC de prendre la parole, un exercice difficile dont ils se sont acquitté avec maîtrise. Il s'agissait de rendre hommage au soldat Félix Barizet dont le nom est gravé au monument aux morts et dont l'arrière arrière petit-fils, Éloi, fait partie du groupe. Sa famille est d'ailleurs venue nombreuse pour l'occasion. Il s'agissait de lire des extraits des lettres que Félix envoya à sa femme Julia alors qu'il combattait dans les tranchées d'Argonne. Des lettres émouvantes et historiquement intéressantes car, outre la description de ses conditions de vie, Félix aborde de nombreux sujets tels que les difficultés de ravitaillement, la peur, la mort, le manque affectif, les contraintes liées à son métier d'agriculteur en son absence... Une correspondance unilatérale mais qui en dit long sur les tourments de ce jeune poilu du Valois. L'assistance, attentive a été émue par ces lectures. Ces lettres nous rappellent aussi que parfois dans nos greniers dorment encore des trésors, témoins des guerres du XXè s.

Un verre de l'Amitié a clos la cérémonie à la salle polyvalente, un temps d'échanges et de convivialité.

Nous félicitons les élèves de CE2 et CM1 de l'atelier d'écriture de  Mme Hébert-Kponnon, à savoir: Maxence, Tahys et Kiara. Un grand bravo à eux

Félicitations à tous les élèves de l'AEC qui se sont engagés pour ces lectures et qui ont sacrifié leur grasse matinée pour être présents et ce, malgré un temps incertain. Merci aux parents qui les y ont accompagné en ce jour férié….

Un grand merci aux anciens fidèles de l'AEC (certains depuis 18 ans!!) et que nous retrouvons avec le même plaisir au fil des ans et des commémo. Spéciale dédicace à Amaïa qui a su in-extrémis remplacer Mme Wargnier aphone. Comme d'habitude, on a pu compter sur elle!

Merci à la Direction du collège, Mme Saverimoutou et M. Fabbroni, d'être venue encourager nos élèves.

Merci à la municipalité de Villers, en particulier M.Tavernier, Mme Pascaline Le Fresne (pour l'organisation et le buffet), Gilles et Christine Mancier et toutes les personnes ayant contribué à la réussite de cette commémoration. Sans oublier les Anciens Combattants et les porte-drapeaux.

Une mention toute particulière pour la famille Barizet, toutes générations confondues qui a assisté massivement à la cérémonie et que nous remercions chaleureusement pour nous avoir ouvert ses archives familiales .

L'Équipe AEC

L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest

Lettre créée et lue par les élèves de CE2-CM1 de l'école Simone Veil de Villers-Saint-Genest:

Lettre de Louis, jeune soldat français, en 1917.

 

Ma très chère Maman,

 

Les temps sont difficiles, ici, sur le champ de bataille. Le froid, la pluie, le manque de nourriture et le manque de sommeil ont eu raison de ma joie de vivre. Chaque jour, penser à toi en allant combattre l’ennemi, me permet de tenir bon et de ne pas sombrer.

Mais que fais-je là ? Pourquoi les hommes sont-ils capables de tant de cruauté ?

Si ce n’était pas un devoir de défendre notre patrie, quelle ne serait pas ma joie que d’être à tes côtés, comme lors de nos heures d’insouciance où nous travaillions en famille dans nos champs. Le travail me paraissait dur, pénible, harassant mais finalement rien de comparable avec l’horreur que nous vivons, ici, un peu plus chaque jour. Je donnerais tout pour retrouver ces instants qui, finalement, n’étaient que du bonheur.

La guerre ne sera pas éternelle, Maman ! Je compte les jours où je pourrai enfin te reprendre dans mes bras.

Louis, ton fils bien aimé.

L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest
L'AEC honore Félix Barizet le 11 novembre à Villers-Saint-Genest

Lectures :

Dans les archives de la famille d’Eloi BARIZET, est précieusement conservée une correspondance, celle échangée entre Félix Barizet son arrière arrière grand-père et sa femme Julia aux premières semaines de la Grande Guerre, précisément entre le 4 Août et le 24 Décembre 1914, date de la dernière lettre écrite par Félix deux jours avant sa mort sur le front. Ces lettres permettent aux élèves de lui rendre aujourd’hui hommage et à travers lui, à tous les soldats de la Grande Guerre

 :Félix Eugène BARIZET est né le 13 novembre 1880 à Villers-Saint- Genest. Il est patron fermier cultivateur, comme son père. Trois ouvriers agricoles, une journalière et un domestique sont alors employés par Félix.

Faisant partie de la classe 1900, Félix effectue son service militaire de 3 ans entre 1901 et 1904. Il est promu caporal en 1903, puis sergent.

Félix épouse Julia Louise PLOQUE le 25 juin 1912 à Livry (Seine et Oise). Elle est couturière de profession et a 23 ans. Félix en a 31. Julia est née le 24 mars 1889 à Puisieux (Seine et Marne).

De l’union de Félix et de Julia, naît le petit Albert le 27 Mai 1913 à Villers- Saint -Genest. Il sera leur unique enfant.

A la mobilisation, le 2 août 1914, Félix se rend en train de Betz à Compiègne afin de rejoindre le dépôt de la 27ème compagnie du 54ème régiment d’infanterie à la caserne de Royallieu.C’est dans une ville impériale investie par la troupe que Félix vit ses premières heures de soldats, au milieu d’une foule de mobilisés venus de toute la région.Il y croise forcément d’autres gars du Valois, mobilisés comme lui, tel que Georges Vincelle charretier à la ferme Proffit de Bouillancy ,Octave Ledoux ou Jules Mancier, ouvrier agricole à la ferme Courtier à Villers mais aussi Jules Haze de Bouillancy,

 

Félix reste à Compiègne jusqu’aux derniers jours d’Août 1914. Durant ce mois où parfois la chaleur est écrasante, il a peu d’informations sur son futur départ au front et les rumeurs vont bon train, doublées d’un grand optimisme quant à l’issue du conflit. En effet, dans sa lettre du 9, il dit:

1« je crois que nous serions plutôt destinés à aller occuper les villes allemandes au fur et à mesure que l’armée avancera chez eux », puis plus loin

2« espérons que cela ne durera pas trop longtemps, car les Allemands sont sûrs d’être écrasés. Le début d’ailleurs est excellent pour nous »

Félix part le 9 Septembre pour gagner le 54ème R.I. « dans l’Est » dit-il volontairement évasif car ne pouvant préciser le lieu sous peine de censure, « ne pouvant pas te mettre où nous sommes ». On sait qu’il se situe en Argonne à la célèbre Tranchée de Calonne

Mais pendant ce temps, du 6 au 10 septembre, a lieu dans le sud du Valois la bataille de l’Ourcq qui voit de nombreux combats avoir lieu dans le secteur de Acy-en-Multien, Réez-Fosse-Martin, Nogeon, Etavigny, Bouillancy et Villers Saint Genest.

Félix en a quelques échos. Il apprend par Octave Roger que le village a été évacué

3« Savez-vous ce qu’ils sont devenus à Villers ? », puis : « cette pauvre Julia aura dû se tourmenter, mais enfin, espérons qu’ils sont tous en bonne santé ». Félix finira par être rassuré par les nouvelles données par Julia :

 4« J’ai été content de recevoir de vos nouvelles et de vous savoir en bonne santé malgré les misères que vous avez eues et je me demandai si Villers existait toujours car je savais qu’ils y avaient été en plein… »

A partir du 10 septembre 1914, Félix rejoint les premières tranchées de l’Est où, après la bataille de la Marne, le front se fixe.

Le quotidien de Félix dans les tranchées ne diffère en rien de celui de la grande majorité des Poilus, mais, Félix, dans le souci de ne pas inquiéter les siens, minimise ses conditions de vie.

5« je suis toujours en bonne santé, ce qui nous ennuie le plus, c’est la pluie et le froid. Nous sommes toujours dans les bois…et notre rôle en ce moment n’est pas très dangereux ». Mais il avoue aussitôt :

6« Nous sommes maintenant habitués aux horreurs de la guerre et n’y pensons plus ».

 7« cette fois, nous avons été quarante-huit heures en première ligne, il n’y faisait pas trop chaud, mon tricot m’a été bien utile. La première nuit, il faisait un brouillard terrible et la deuxième, il a plu un peu et pas moyen de battre la semelle.

8 Il faut même parler tout bas car nous avions les Boches à 150m en avant de nous. Il faut toujours être l’oreille au guet pour le cas où il leur prendrait la fantaisie de nous attaquer ».

9« les maladies augmentent, on vient de nous vacciner contre la typhoïde qui commençait à régner ».

 10« nous ne ménageons pas les cartouches car nous en avons toujours deux cents chacun en partant. » …

11« En outre, pour nous aborder, les Boches auraient même avant d’arriver à se dépêtrer des ronces en fil de fer barbelés qui sont tendus en avant, j’ai encore à ma portée un fil de dynamite qui aboutit à une boîte à mitraille à vingt mètres en avant et il n’y aurait qu’à allumer pour les faire sauter au passage ».

Malgré tout, les moments de répit à l’arrière sont particulièrement appréciés :

 

12« nous sommes au repos en cantonnement dans un village…nous avons de la paille pour coucher, tu penses si cela a semblé bon après avoir passé trois jours et trois nuits dans les tranchées, aussi j’ai aussi bien dormi que dans mon lit …

13 On en profite aussi pour faire de la soupe, cela nous a bien restauré de manger chaud ».

Il avoue que ce ravitaillement fourni par l’Armée est toujours un peu le même :

14« un morceau de bœuf et souvent du riz, nous avons toujours du café, mais c’est le sucre qui manque. Nous touchons aussi de temps en temps un peu d’eau-de-vie »

15« nous avons pu avoir du lard qu’on fera cuire pour emporter froid dans la tranchée 

 16« hier soir, j’ai mangé une pomme, tu ne sais croire comme cela semble bon, depuis le temps qu’on n’en a pas mangé ».

 17« on ne se débarbouille qu’une fois tous les 15 jours et on ne se rase pas…si cela dure encore un peu, on héritera des poux » 

18« Après quarante-huit heures en première ligne, on passe vingt-quatre en seconde, là on est en réserve et l’on n’a guère que les obus à craindre, mais le dessus de la tranchée est abrité par des clayons…

19« ensuite, nous revenons deux autres jours faire des travaux de terrassement et enfin, deux autres jours au cantonnement pour se nettoyer un peu ».

La séparation avec Julia et le petit Albert est un sujet de préoccupation et de toutes ses attentions :

20« Et notre petit Albert, je suis très heureux que le petit commence à marcher, j’espère le voir courir quand je reviendrai… » et qu’il parle aussi de son papa. Embrasse-le pour moi » 

21« comme tu dis, je le trouverai bien changé en rentrant, espérons que ce soit le plus tôt possible » 

22 « j’ai trouvé dans la forêt une belle petite timbale en argent, je ne sais si c’est d’un Français ou d’un Allemand. Je vais la conserver précieusement et la rapporterai à ton petit garçon comme souvenir de la guerre ».

Dans ses lettres Félix répond aux craintes de Julia pour l’avenir :

 23« Tu n’as pas besoin d’avoir des craintes sur le retour des Allemands. Avec les immenses travaux de retranchements qu’on a faits, jamais ils ne pourront percer ces lignes, surtout avec l’artillerie qu’on a mise. Vivement qu’on les chasse définitivement »

24« Il y avait la messe dans le pays, l’église était pleine de soldats. J’y suis allé. La musique semblait plus agréable que le sifflement des obus et des balles »

25« Tu as raison, ma Julia, de prier Dieu qui nous a déjà protégé et qui nous protègera jusqu’au bout ».

Soldat, Félix n’en reste pas moins un cultivateur dans l’âme et s’inquiète des réquisitions et de la moisson :

 26« nous avons encore de la chance qu’on ne nous ait pris qu’un cheval »,: « tu me dis que le blé a fait 200 kilos aux 150 bottes ; ce n’est pas mauvais.

27  «  Il faudra garder de ce blé de la grange pour semer, car on n’en trouvera pas à acheter. Vous ne devez plus avoir d’avoine pour les chevaux »,

28 « Quant aux betteraves : «je crois qu’elles seront perdues car les sucreries n’ouvriront pas ».

La mort, Félix la côtoie au quotidien :

 29« Ces jours-ci, nous avons encore trouvé, non loin de nos tranchées, des cadavres allemands qui sont là depuis le 22 septembre »

Le moral de Félix reste, du moins au début de sa correspondance, au beau fixe

30 « Quand je suis parti, mon idée était toujours que les hostilités seraient finies pour la Toussaint, tu vois, je me suis trompé »,

31« tu me reparles d’une permission, je crois que cela n’est pas possible car il n’y a que les malades ou les blessés qui en ont comme convalescents »

32  «…on a raison de dire que la guerre est le plus grand fléau. Espérons que tout cela touche à sa fin car tout le monde commence à en avoir assez ».

 

 

 Le 26 décembre 1914. Une mort brutale le saisit sans souffrance. Une balle ennemie transperce l’uniforme et le livret militaire que Félix serrait sur la poitrine.

Félix avait 34 ans et laissait derrière lui une jeune veuve de 25 ans et un petit garçon de 18 mois orphelin.

 

 

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