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Ce blog a pour but de présenter les travaux effectués par un groupe d'élèves volontaires de 3e participant à une Action Educative et Culturelle (AEC) autour de la ligne Chauvineau et plus largement dans le Valois

L'AEC commémore le 80ème anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945

L'AEC commémore le 80ème anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945

Ce jeudi 8 mai 2025, il y avait du monde devant le monument aux morts de Betz pour la cérémonie commémorant le 80ème anniversaire de la Victoire. Il faut dire que les élèves de l'AEC ont, une fois de plus, répondu présents , entraînant leurs parents, leurs frères et sœurs et copains. Après la cérémonie officielle orchestrée par Mme le Maire en présence des Élus des communes voisines, le cortège se dirigea vers la Mairie. Là, dans un second temps, ce fut au tour des élèves de l'AEC d'intervenir par la lecture d'un texte relatant les épisodes survenus à Betz durant les 5 années du conflit. Un diaporama agrémentait ces lectures qui furent appréciées du public. Un verre de l'amitié permit d'échanger avec les convives. Encore un grand moment dans l'histoire de l'AEC qui clôt le cycle mémoriel des 80 ans de la Seconde guerre mondiale.

Un grand bravo aux élèves et un grand merci à l'équipe municipale pour son accueil.

L'Équipe AEC

Le défilé et la cérémonie au monument aux morts.Le défilé et la cérémonie au monument aux morts.

Le défilé et la cérémonie au monument aux morts.

Les élèves et leur professeur de Français en pleine lecture devant Simon, un des derniers témoins de la guerre.
Les élèves et leur professeur de Français en pleine lecture devant Simon, un des derniers témoins de la guerre.

Les élèves et leur professeur de Français en pleine lecture devant Simon, un des derniers témoins de la guerre.

                                                             DISCOURS DU 8 MAI 2025

Il y a 80 ans, jour pour jour, la Seconde Guerre Mondiale s’achevait après 5 années de souffrances. Ce jour-là, à Betz, comme ailleurs, la joie se mêle au soulagement : la guerre est finie, l’espoir renaît. A Reims, puis à Berlin la capitulation vient d’être signée. Les Alliés ont vaincu les forces de l’Axe avec le concours de la Résistance.

Petit retour sur 5 années de guerre et quelques mois de « Drôle de guerre » :

Dès la mobilisation de septembre 1939, la guerre s’invite à Betz avec l’arrivée de centaines de soldats français dont la mission est de construire la ligne de défense de Paris que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de ligne Chauvineau. Casemates de béton, fossés antichars transforment profondément le paysage de notre commune. Les agriculteurs perdent l’usage de parcelles de terre. Les routes sont barrées, des positions de DCA dotées de puissants projecteurs qui balaient le ciel, sont installées à l’intersection de la route de Bargny… La mobilisation a fait partir les hommes du village au régiment, le village se vide de ses jeunes hommes dont beaucoup sont agriculteurs. L’heure est grave. C’est la « Drôle de guerre ».

En mai 1940, l’attaque allemande surprend Betz, la gare est bombardée et la commune déplore sa première victime civile :  Ernest Lacorne, cantonnier aux Ponts-et-Chaussées est tué sur le pont de la gare le 17 mai 1940. Son nom est inscrit au monument aux morts.

C’est la panique, la Préfecture de l’Oise donne l’ordre d’évacuer : C’est le premier Exode bientôt suivi par une seconde évacuation plus longue celle-ci, poussant les habitants de Betz sur les routes. Certains, comme Simon, évacuèrent à Pénestin en Bretagne. Simon se souvient « Nous sommes partis en charrette avec mon oncle, elle était pleine car il y avait plusieurs familles et nous avons atterri à Melun. Là, on s’est fait mitrailler sous les peupliers et on s’est couché sous les charrettes. On a déchargé les charrettes et on a pris le train, des wagons à bestiaux direction Vannes où on a été dans un camp où nous sommes restés quelques jours. De là, nous sommes allés à Malestroit dans le centre de la Bretagne. Mais comme les Allemands s’approchaient, on nous a évacué à Pénestin ; à l’embouchure de la Vilaine. »

Pendant ce temps, c’est une armée française qui bat en retraite qui passe par le village. Une armée composée de nombreux coloniaux obligée de se replier et laissant son matériel dans le bois de Macquelines (canon, cantine et barque). C’est la Débâcle prélude à la Défaite. Les habitants reviennent la mort dans l’âme, accompagnés de réfugiés du Havre.

La guerre est bien là et les Allemands ne tardent pas à remplacer les soldats français au château de Mme Vincent, une petite kommandantur s’installe chez le notaire Monsieur Petit, rue Beauxis-Lagrave, ainsi qu’au Moulin.  En 1943, c’est un petit camp d’entraînement et des baraquements qui sont installés à Macquelines.

 Les nouvelles du front et de nos jeunes mobilisés ne sont pas bonnes. Certains font partie des 1.6 million de prisonniers capturés dans les combats de mai-juin 1940, dont la plupart ne reviendront qu’en 1945. Roland Quéffurus, Auguste Bel, Adrien et Jules Mériguet, Albert Hérouin, Albert Neujean furent de ceux-là.

La vie quotidienne de la commune est perturbée par les restrictions, les difficultés de ravitaillement, bien qu’à la campagne cela semble avoir été moins dur. Robert Hénin se souvenait : « Vous savez, nous, on avait notre jardin. Puis, on allait dans des fermes acheter du blé qu’on broyait dans un moulin à café. A la campagne, on arrivait mieux à se débrouiller qu’en ville. »

Le couvre-feu à 21 h, on manque de beaucoup de choses, mais la vie reprend vaille que vaille. Il le faut bien. La salle de bal derrière le café Vonwyl, l’actuelle supérette, accueillait les Allemands. Les commentaires vont bon train et l’on se méfie de tout le monde.

La vie municipale aussi est mise à rude épreuve, trois maires se succédèrent durant la guerre : Alexis THIOU, Alphonse BRISSET qui démissionnèrent et surtout Pierre DUCHESNE à partir d’octobre 1941. Ancien Combattant de 14-18, patriote et conservateur, Pierre Duchesne prêta une attention particulière aux prisonniers de guerre auxquels il n’hésitait pas à verser ses indemnités d’élus, organisait des envois de colis. Il n’en fallu pas plus pour qu’il soit accusé d’être pro-gaulliste et trop modéré par des lettres anonymes.

Maire consciencieux dans ses tâches, il fut aussi taxé de collaborateur. Instruit et germanophone, il parlait aux officiers allemands qui avaient placé dans sa ferme des chevaux [1]En tous cas, il ne fut inquiété ni par les Allemands, ni par la Préfecture, ni par le Comité Local de Libération.[2] Aux élections de 1945, c’est une femme qui lui succéda à la mairie : Marthe PLEZ une communiste qui restera maire jusqu’en 1947.

Et puis, en 1943, c’est une nouvelle génération de jeunes qui doit partir en Allemagne, cette fois au STO, Lesure, Mériguet, Vincent sont de ceux-là.

 La résistance reste discrète à Betz, bien que l’on ait connaissance de réseaux locaux comme celui de Lévignen mené par Georges et Geneviève Ardenois dans lequel s’était engagé Pardanaud le frère d’Anne-Marie. A Betz, le Docteur Rodrigue en a fait partie, ce qui lui valu quelques inimitiés, une bombe artisanale a été placée sous la porte de sa maison[3].

D’autres étaient engagés dans d’autres réseaux comme Berche des Ponts-et-Chaussées qui résistait dans le réseau de Bouquerel à Compiègne. A la Libération, nombreux sont ceux qui participèrent aux accrochages du 28 août 1944, notamment le capitaine Vilain, et le gendarme  Certain,[4] Berville, Henri Duchesne, Pareau, Dubois, Neujean, Louvel, Olivier Brisset, Lallier, Berches, Lesage et Gaston Pénot en ont certainement fait partie.

Et puis vint l’heure de la délivrance, le 28 août 1944, dans la matinée, les Américains arrivent et libèrent Betz. Simon en fut le témoin, et a depuis témoigné lors des 80 ans de l’événement que nous avons commémoré ici même l’an passé.

Après la Libération, certains jeunes se son engagés dans l’Armée de Libération, tels que Henri DUCHESNE, le fils du maire. Né le 20 mars 1923 à Betz, étudiant à Paris, il s’engage à la Libération et rejoint la première armée de De Lattre de Tassigny. Le 2 février 1945, il est tué à bord de son char en Alsace. Au défilé de la Victoire à Paris, un char allié avait été dénommé « Sergent Henri Duchesne » par ses camarades de régiment qui, ainsi l’honoraient. Les Américains restèrent quelques temps à Betz et prirent à leur tour place au château de Mme Vincent.. Un garage y était installé, et des prisonniers allemands y travaillaient et y montaient même la garde. Des opérations de récupération d’armes étaient organisées et le blockhaus du bois de Lévignen servit alors de lieu de stockage et fut dynamité avec elles.

Robert Hénin se souvenait : « A la gare, c’était certainement leur dépôt de ravitaillement, notamment les rations K, ils avaient dû réquisitionner la halle de la gare, du moins je pense que ça devait être comme ça. Je me souviens aussi que sur le bord de la route de Crépy, il y avait des stocks d’obus disposés là. J’en avais récupéré un ! Il y en avait aussi sur la route de Bargny et de la poudre même. On en a fait sauter un, les flammes ont failli toucher les lignes à haute tension ! Plus loin il y avait une caisse avec des amorces dedans dans des petites boîtes de conserve. De toutes les munitions, ils en avait fait un dépôt dans un blockhaus. Des fois le dimanche on y allait traîner. Puis, ils ont fait sauter le blockhaus. C’étaient des prisonniers allemands qui devaient faire ça. »

La guerre était finie. Betz a payé son tribut à la guerre et de nouveaux noms vinrent compléter ceux des Poilus de la Grande Guerre sur le monument aux morts :

Ernest LACORNE, victime civile, tué le 17 mai 1940 lors du bombardement de la gare.

Maurice PUSSET, mort le 19 mai 1940 à Bucy-le-Long

Bernard HAMELIN, tué le 10 juin 1940 à Tôtes en Normandie

André PAULET, mort le 11 juin 1940 Emile CLÉMENT, mort le 2 juin 1942 à Beyrouth au Liban

Henri DUCHESNE, mort le 2 février 1945 près de Mulhouse

(Marcel VERNET) tué durant la Libération de Betz le 28 août 1944. Après la Capitulation, le Comité des fêtes organisa le 2 septembre 1945 une commémoration pour fêter le premier anniversaire de la Libération. Pour l’occasion, la Grande Rue fut rebaptisée « Rue de la Libération » et un hommage particulier devait être rendu aux Américains.  

Le programme en était le suivant :

  • A 15h, rassemblement route d’Acy, au pont de chemin de fer.
  • Formation du cortège avec toutes les sociétés constituées et pose de la plaque « rue de la Libération ». Défilé.
  • Au monument aux morts, place du marché, dépôt d’une gerbe.
  • Puis si c’est possible, hommage à l’Armée Américaine. Une délégation et quelques jeunes filles iraient offrir une gerbe et témoigneraient aux officiers américains, au château, la gratitude de la population aux armées alliées et plus particulièrement à l’armée américaine dont certaines troupes défilaient dans la Grande rue le 28 août 1944 à la poursuite des Allemands vaincus.

La cérémonie se finit par un vin d’honneur à la mairie, avec petits fours ou gâteaux…. Voilà une transition toute faite pour passer aux choses sérieuses.

L'Équipe AEC

 

[1] Archives départementales de l'Oise, fiche individuelle de Pierre Duchesne, 4 novembre 1943, 33w8398

[2] D’après E. Dancoisne, les maires du Valois sous l’Occupation : l’exemple de Betz

[3] D’après les P.V. de la Gendarmerie de Betz

[4] D’après les souvenirs de Gaston Pénot

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