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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 20:17

       FRAGMENTS  DE  VIE  -  DESTINS  CROISES

 

                                        (1939-1945)

 

 

Ils étaient jeunes et leurs belles années ont été marquées

par la guerre. Cette guerre qu’ils ne pourront jamais oublier.

 

Tout juste sortis de l’adolescence, jeunes parents, ils l’ont

tous vécue, par delà leur conditions sociales, leur origine

géographique. Hommes et femmes, civils et militaires,

issus de villes ou de la campagne, métropolitains ou Français

des Colonies, ils ont accepté de témoigner aux jeunes

élèves du Collège de Betz.

 

Ces fragments de vie recueillent l’essentiel de leur vécu,

par petites touches, avec émotion et humilité, sans héroïsme

mais avec humanité, ces témoins leur ont donné une

irremplaçable leçon d’Histoire.

 

                                        ANDRE

Je m’appelle André et j’avais 24 ans en 1939.

Originaire du Havre ; j’étais à l’époque fiancé. Par la suite ; je me suis marié, en pleine guerre le 2 Août 1941.Peu après ; mon fils aîné naissait.

A ce moment, je travaillais dans les douanes au Havre, dans l’import/export à la Compagnie du Niger Français. J’y ai travaillé 4 années durant .Nous nous sommes arrêtés de travailler le 10 juin 1940 après la défaite car les échanges maritimes cessèrent. En Octobre 1940, j’étais de retour à Paris. Là, j’ai travaillé aux Transports Théodore qui s’occupaient de l’import/export ferroviaire. Nous n’étions pas en contact avec les Allemands.

Pendant la guerre, nous n’avions pas ce dont nous avions besoin, mais heureusement j’avais quelques économies. Cependant ça n’a pas duré, on manquait de tout ; il y avait les restrictions : 4 paquets de cigarettes par mois, 3 litres de vin, des tickets pour la viande, pour le pain. Rendez-vous compte ; on n’avait que 200gr de pain par jour ! Le retour dans certaines villes était interdit, il y avait des informations du type :  « Dimanche à telle heure ; il y aura un camion…. ».Il fallait se lever tôt pour s’en procurer. Ma mère allait dans les fermes. Elle me faisait cuire un rôti de veau et me l’envyait. Je le recevais 8 jours après… Elle se procurait un peu de beurre, de la farine.Quant à moi, je ne pesais que 57 kg au lieu de mes 80 habituels.

Et puis, il y avait les bombardements. Le Havre a été bombardée. Une nuit de septembre, ça a duré de 21h30 à 5h30 du matin ! Le tunnel  Jenner a été détruit et 700 personnes ont été tuées à l’interieur. Il s’agissait surtout de bombardements alliés visant le port.

Je me souviens qu’on écoutait la radio car il y avait des interventions du Général De Gaulle et des messages codés.

 

Oui, plus tard, j’ai parlé de la guerre à mes enfants et puis, un cousin germain avait été fait prisonnier par les Allemands.

Quant à la Libération, j’avais le regret qu’il n’y ait pas eu de reconnaissance envers le Général Leclerc. Mais , j’étais heureux de voir partir les Allemands.

                                    ANNICK

« Je m’appelle Annick et j’avais 19 ans pendant la guerre. J’habitais alors à Paris, d’abord dans le Vème puis dans le XIIème arrondissement. Je travaillais dans la comptabilité aux Galeries Lafayette mais dans la fabrication.

 

Jeune fille, je connus l’épreuve de l’Exode. Avec mes parents, j’ai du quitter Paris et rejoindre les Côtes du Nord en Bretagne. Le voyage se faisait en train. Durant le voyage celui-ci a du faire des détours. En effet,en passant la Loire, il fut mitraillé par des avions italiens et juste après notre passage ; un pont a été bombardé. Le mécanicien et le chauffeur qui se doutaient du bombardement ont pris l’initiative de faire accélérer le train. C’est donc un convoi lancé à toute vitesse qui franchit le pont. Je peux dire que ce jour là nous avons eu très chaud et très peur.

 

Quant aux Allemands ; on n’était pas en contact avec eux. Il ne fallait pas les regarder c’est tout. Mais il n’y avait pas de maltraitance. C’étaient 2 mondes différents (…)Mais il y en avait partout. Tout était occupé. Même les panneaux étaient écrits en Allemand.

A l’époque ; je ressentais beaucoup de tristesse et d’incompréhension et puis quand il y a eu la Libération ; ce fut une grande joie. J’ai assisté au grand défilé avec le Général De Gaulle. Et puis les Américains avec leurs chars.

Bien  sûr plus tard, on a beaucoup parlé de la guerre, surtout que mon futur mari était agent de liaison. Un jour il a été propulsé avec sa moto par un obus qui explosa juste à coté de lui. Il en est resté invalide. Alors la guerre…. De même mon père m’avait beaucoup parlé de la sienne ; la Guerre de 14 qu’il avait faite.

Aujourd’hui, je voudrais dire aux jeunes qu’il faut s’entendre, qu’il n’y ait pas de racisme. Soyez tolérants et non pas égoïstes. »

                                                                                                  GILBERTE

Je m’appelle Gilberte et j’avais 14 ans en 1940. J’habitais Hautmont dans le nord à coté de Maubeuge à 10 kms de la frontière belge. J’étais une écolière, du moins jusqu’en mai 1940 à l’école d’Hautmont. Après, j’étais haute couturière.

C’est par les cloches qu’on a su que c’était la guerre.

Je me souviens que Maubeuge a brûlé entièrement et que le frère de mon père a été tué par un éclat d’obus.

Notre maison a été occupée et nous avons du évacuer vers l’ouest puis on est revenu. Il y en avait des Allemands ! des gradés, des pas gradés. Une fille qui avait eu des relations avec un Allemand, on lui a coupé les cheveux !

On écoutait surtout la radio mais on ne lisait pas beaucoup les journaux car il fallait un passe-droit pour s’en procurer.

Et puis, un jour, on a vu des camions américains arriver et on nous a dit que c’était fini. On a ouvert une bonne bouteille, on était content mais on se racontait les horreurs qu’on avait vues.

Que cela ne recommence jamais car beaucoup d’innocents paient. Trop de morts, trop de victimes.

Ne faites jamais la guerre !

                                        JACQUELINE

Je m’appelle Jacqueline et j’avais 7 ans pendant la guerre.

J’habitais Romainville dans la banlieue parisienne près des fortifications. J’allai à l’école au CE1 ou CE2 . A cause des bombardements ; on a quitté l’école et on est allé dans les carrières ou dans les fortifications.

A cette époque les écoles n’étaient pas mixtes. Les filles apprenaient à tricoter pour faire des couvertures pour les soldats prisonniers. Le vendredi et le samedi on distribuait à chaque écolier un gâteau caséiné, un carré de chocolat et une pastille de saccharine (ersatz de sucre). Et puis, il y avait la peur des bombardements.Les instituteurs faisaient chanter les élèves pour vaincre la peur.Romainville a subi des bombardements  car on était près de la gare de Noisy-le-Sec ; une importante gare de triage.

C’est un très mauvais souvenir, on avait froid, pas de bois, pas de charbon. On avait faim, il n’y avait pas de pain, de lait ni de beurre.

Et puis un jour, j’ai vu les chars défiler, annonçant la Libération et les Allemands fuir à pieds. C’était fini.

La guerre était inutile car aujourd’hui nous ne sommes plus ennemis, mais amis.

Je souhaite aux jeunes générations de ne pas recommencer ce jeu débile et d’essayer la négociation, vivre la tolérance.

  JIMMY  C.

 

 

Je m’appelle Jimmy C. ce prénom m’a été donné car à l’époque de ma naissance un artiste célèbre le portait

.

J’avais 17 ans quand la guerre a commencé. Je me suis engagé à Marseille étant alors domicilié à Marignane

.

Ma mère a été veuve à 19 ans, mon père ayant été tué à la Première Guerre Mondiale.

Elle était bonne chez un colonel d’aviation. Au début des hostilités nous sommes passés En zone libre.D’où ma presence à Marseille

.

Une fois incorporé , je suis parti faire mes classes à Toulouse dans la D.C.A.

Mais avec la Défaite , j’ai été mis en congé d’Armistice.

Puis, je suis parti en Afrique du Nord par Gibraltar, Tanger ; puis la Tunisie

J’ai été enrôlé pour aider les Anglais contre l’Afrika Corps de Rommel.

Ensuite,les Américains sont arrivés et j’ai participé à la Campagne d’Italie ;

                

A la bataille du Monte Cassino au côté des « Indigènes » tabors à l’arme blanche.

J’ai ensuite participé au Débarquement en Provence et libéré une grande partie de notre pays jusqu’à l’Alsace.





                          Joseph G.

 

 

 

Je m’appelle Joseph G. et j’ai 94 ans. J’en avais 38 pendant la guerre

 

J’habitais en Algérie à 140 km d’Oran.

 

Je me suis marié en 1940  et un fils naîtra. Plus tard en 1945 , ma fille naîtra.

 

 

 

J’ai été mobilisé puis démobilisé en 1940 suite à la défaite.

 

Ensuite, j’ai été remobilisé dans la marine à Bizerte (Tunisie) où nous surveillions

 

le littoral derrière des canons de 75 de marine.

 

A la demande de Lord Mountbatten, j’ai été embarqué à Oran à bord du Richelieu pour

 

aller combattre auprès des Alliés contre les Japonais. Cela m’a permis de voyager

 

beaucoup notamment en Asie et dans le Pacifique.

 

Je suis parti 11 mois par Suez, Djibouti,Colombo et Trincomalee à Ceylan où nous

 

étions basés. Je suis allé en Australie, en Indochine…à Scapa Flow (archipel de 56

 

iles dont une habitable !)

 

 

 

J’étais pourvoyeur d’obus pour des quadruples canons de 380 bofors.Ils avaient 45 kms

 

de portée. Le Richelieu était un navire de 244m de long doté aussi de mitrailleuses de 20.

 

-Votre « guerre » ne s’est-elle déroulée qu’en Extrême-Orient ?

 

Non,nous avons aussi combattu les Allemands sur les côtes de Norvège (au large de Bergen)

 

où les navires allemands étaient cachés dans les fjords. Là, j’ai combattu le fameux

 

« Tirpitz »

 

 

Habitant l’Algérie, j’ai du quitter le pays en 1962 , mais ça ,c’est une autre Histoire…..

Madame T.

« Je m’appelle Madame T. J’avais 20 ans pendant la guerre et j’habitais Lagny-Sur-Marne en Seine-et-Marne. A l’époque j’étais mariée et mon mari était prisonnier de guerre. Il y est resté 5 ans.

Après la guerre, on a eu 3 enfants. Je travaillais comme architecte dans un cabinet d’architecture.

Je garde des souvenirs affreux de cette période.

La déclaration de guerre ? Je l’ai apprise alors que je travaillais. On m’a dit que les Boches attaquaient la France.

Pendant la guerre, on était sans nouvelle de nos proches. On écoutait la radio du Général de Gaulle.

les amis des Allemands et a été fusillé. Il y avait plein d’Allemands. Ils étaient dans les châteaux autour des villages. Tous les matins ils défilaient dans les rues.

Et puis il y a eu la Libération. C’est l’armée du Général Leclerc qui nous l’a annoncée. On l’a vécue comme une fête de joie.

J’espère que ça ne recommencera pas et que les jeunes ne connaissent pas la guerre. » 



Maison de retraite d'Antilly.          Décembre 2006.    Interviewes réalisées par les élèves de l'AEC            M.ABRAN  Mlle DREUILLE



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