Tout au long de ces quelques années d’une jeunesse brisée en plein vol, Jean TRONQUOY écrivit des textes qui par chance et par bonheur sont parvenus jusqu’à ses descendants. Dans ces quelques pages écrites en captivité ou à sa libération, Jean y exprime, dans un langage souvent poétique, ses souffrances endurées, ses ressentiments face à une Humanité qu’il fustige. Il y évoque ses conditions inhumaines de captivité, la lâcheté de certains, sa jeunesse enfuie, ses désillusions. Mais , ses écrits sont aussi emprunts d’espoir « Un jour viendra le bonheur. Ce jour de joie suprême, qu’on attend et qu’on aime, viendra briser nos chaînes » dit-il. « Prenons courage. Oublions ces heures douloureuses, malheureuses. Les glorieuses victimes au bout de l’océan crient la liberté ».
Jean y exprime son patriotisme viscéral et son amour pour la France pour qui l’expression « mère Patrie » n’est pas un vain mot : « France, ma France, terre de nos aïeux, je crois en toi, comme ont cru mon père et ma mère ! » Un patriotisme teinté de Christianisme aussi dans ces paroles :
« Je crois au Christ qui t’aime…au Christ qui, en ce jour, voit tant de mains tendues vers lui… ».
« La justice de Dieu sera plus juste que la justice humaine. Lui me comprendra, me comprenant déjà, puisqu’il me donne ce courage qui est vraiment nécessaire en cette vie maudite »
On sent chez Jean Tronquoy la difficulté que peut avoir un être raffiné confronté à tout un peuple de geôliers , de prisonniers de droit commun, de forçats, lui, pétri de justice et d’humanité. Un être fragile jeté en pâture, conscient de ses limites physiques et mentales, poussé dans ses retranchements : « Mes idées ne viennent plus, ma mémoire m’échappe et mon cœur durcit ».
Romain , Elève de l'AEC 2015