Ce mois-ci, nous proposons à nos lecteurs dans la rubrique "le soldat du mois" le cas de
Louis Auguste Mézière.
Son cas est intéressant car il illustre l'épisode des corps restitués aux familles, un épisode qui a vu de nombreux soldats revenir dans leur village dans les années 1920, rejoindre le caveau familial dans le cimetière communal. Ce cas est loin d'être isolé, loin s'en faut, et d'ailleurs, d'autres corps de soldats de Betz ont, comme le sien, effectué ce retour dans la terre natale. Tous étaient inhumés dans des cimetières provisoires ou en une sépulture individuelle quelque part sur la ligne de front, sur le champ de bataille où ils sont tombés.
Louis Auguste Mézière était né à Betz le 9 Août 1888 au domicile familial rue Beauxis-Lagrave. Fils du notaire de la commune, Alexandre Mézière et de Marie Hébert, le jeune Louis faisait partie de la classe 1909 et était lieutenant au 272ème Régiment d'Infanterie de Compiègne lorsqu'il trouva la mort le 20 Octobre 1914 à l'âge de 26 ans. Bléssé, il fut envoyé à l'arrière à Nevers où il mourut au couvent Ste Marie transformé alors en hôpital (l'hôpital temporaire n°25 situé rue St Martin et qui fonctionnait depuis le jour de la Mobilisation Générale avec 160 lits). Avant de partir à la guerre, il était étudiant, certainement dès avant 1911, puisqu'il ne figure pas sur le recensement de la commune à cette date. Par ailleurs, à cette date, sa mère était déjà décédée et son père vivait seul avec sa fille Marguerite (née en 1889) et ses deux domestiques Théodore et Aurélie Lemoine.
Louis Auguste entra dans l'Armée en 1909 au 132ème R.I. et fut promu caporal en 1910, puis sergent en 1911 date à laquelle il fut envoyé en disponibilité. Il reçut alors un certificat de bonne conduite avant de passer dans la réserve d'active. Ensuite, il partit faire ses études de droit à Paris où il habite jusqu'en mars 1913 au 105, rue de la pompe. Il devient sous-lieutenant de réserve le 22 Décembre 1913, puis intègre le 72ème R.I. en mai-juin 1914, juste avant son départ à la guerre.
D'après les JMO du 272ème R.I., ce régiment se trouve à Orconte près de Vitry-le-François durant la bataille de la Marne, puis entre Vitry et St-Dizier. En octobre 1914, il se trouve en Argonne et c'est sans doute dans cette région que Louis Mézière fut blessé avant d'être évacué sur Nevers où il trouva la mort. Son corps fut inhumé au cimetière de Nevers le 22 Octobre 1914.
Dans un courrier en date du 20 Décembre 1922, son père Alexandre Mézière, alors notaire à Senlis, note que le corps de son fils a été exhumé le 22 Décembre 1922 et demande au secrétaire de mairie qui est alors l'instituteur Eugène Servoise de l'informer par télégramme du retour de la dépouille de son fils par le train et précise qu'il assistera à l'exhumation de son fils en présence de sa fille.
Le service de restitution des corps de militaires "Morts pour la France" dépendant du ministère des pensions charge l'inspecteur régional de la gare régulatrice de Beauvais (par où transite le corps) d'avertir la mairie de Betz de l'arrivée du cercueil. Celui-ci arrivera à Betz le 10 Janvier 1923 par le train 6710.
Il est à noter qu'avant Louis Mézière, d'autres soldats ont été exhumés et rapatriés à Betz:
Paul Mocquet, le 15 Février 1922.
Marcel Combret fut ramené par son père en mars 1922 de Venteley (Marne) où il avait été préalablement inhumé en vertu du décret d'autorisation spéciale émis par le ministère des Pensions du 28 Septembre 1920.
Jules Brisset et Georges Thuillier dont les corps revînrent à Betz par le même train le 28 Avril 1922
Pierre Harboux le 30 Septembre 1922.
Charles Duvivier et Louis Lhermitte le 22 Décembre 1922
Après Louis Auguste Mézière, d'autres encore rejoignirent Betz:
André Lartizien et Jules Coutant le 31 Janvier 1923.
Nombreux sont cependant les soldats dont les corps n'ont pas été restitués aux familles et qui ont été par la suite, dans les années 1930 réinhumés dans des cimetières militaires, carrés et nécropoles nationales.
A l'inverse, des soldats décédés dans les hôpitaux de Betz en 1918, notamment l'hôpital 5/11 et enterrés dans le cimetière provisoire (situé juste au-dessus du cimetière communal) furent exhumés à la même époque et furent restitués à leurs familles. C'est le cas des soldats Albert Habich, André Blay, le brancardier Antoine Delage (réinhumé à Thénon en Dordogne) ou encore Fernand Laurand (réinhumé à Charroux-Allier) etc...
L'Equipe AEC
Confirmation et télégramme annonçant le retour du corps de Louis Mézière à Betz en 1923. Source: ADO
Des dispositions ultérieures devront nécessairement intervenir pour la réglementation pratique de cette question, mais on doit considérer la volonté du législateur comme suffisamment énoncé...
http://sepulturesdespoilus.e-monsite.com/pages/menu/loi.html
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