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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 21:10

C'était une époque où l'AEC n'existait pas encore, en tout cas pas sous sa forme actuelle. On appelait ça un P.E.C. (Parcours Educatif et Culturel). Cette année là, le thème était: "1914-1918 dans le Valois -Multien"

Les professeurs encadrant le projet étaient alors Mme CAGLIESI, Mme ROUGET , M.ROUVET et M.ABRAN.

Déjà, l'ambiance de la future AEC y était perceptible et de belles rencontres rythmaient notre parcours. Parmi les plus belles, fut sans aucun doute notre rencontre avec Mme LEVEQUE, centenaire habitante d'Ivors, qui nous accueillt avec sa fille dans sa maison pour une interview mémorable. En effet, ce n'est pas tous les jours que l'on peut recueillir le témoignage direct d'une personne ayant vécu la Première Guerre Mondiale. D'ailleurs, cette expérience restera à jamais inédite. C'est avec tendresse que nous nous souvenons aujourd'hui de ce moment magique où le petit groupe d'élèves réunis a fait un voyage dans le temps, 80 années auparavant dans les souvenirs d'une jeune fille de 16 ans qu'elle était alors, confrontée malgré à la guerre et à ses conséquences.

Nous en livrons ci-dessous le récit tel quel, avec ses maladresses, ses non-dits, ses allusions et surtout avec la malice de celle qui nous a donné ce jour de Mai 1999, une magistrale leçon d'Humanité.

INTERVIEW DE MME LEVEQUE .  IVORS  Le 11 Mai 1999

Mme-Leveque.jpg Mme-Leveque-3.jpg

 

P.E.C. : Quel âge aviez-vous pendant la Première Guerre Mondiale ?

Mme Lévêque : « J’avais 16 ans quand la guerre est arrivée. Je suis née en 1908, j’ai 101 ans.

P.E.C. : « C’est beau… »

Mme Lévêque : « Je n’y suis pour rien, un jour a poussé l’autre sans qu’on s’en aperçoive. »

P.E.C. : « Etiez-vous dans la région ? »

Mme Lévêque : « Non, j’étais à Paris »

P.E.C. : « Avez-vous des souvenirs de cette guerre ? »

Mme Lévêque : « J’ai un souvenir malheureux, mon frère est mort tout de suite en septembre à Berry-au-Bac.  Mon beau-frère a lui aussi été tué mais à la fin de la guerre à Oulchy-le-Château dans l’Aisne. Mon mari a fait la bataille de la Somme, nous n’étions que fiancés et nous nous sommes mariés en 1918. »

P.E.C. : « Votre mari a-t-il été blessé ? »

Mme Lévêque : « Non, mais son casque a été traversé,il a évité la mort. Par contre, il a été gazé…

P.E.C. : « A-t-il eu des séquelles ? »

Mme Lévêque : « Oh oui ! et c’est ça qui me l’a enlevé ! S’il n’avait pas eu cela, je crois qu’il aurait fait un centenaire comme moi ! Il était très fort. Nous avions un bon métier, nous étions dans la culture (agriculture)c’est un métier sain. »

P.E.C. : « Que faisiez-vous au juste ? »

Mme Lévêque : « Mon mari était régisseur, on a beaucoup travaillé dans l’Aisne après 1918.

P.E.C. : « On imagine que lorsqu’il est parti, ainsi que les autres membres de votre famille, vous deviez correspondre. »

Mme Lévêque : « Oui, nous avons correspondu pendant toute la guerre »

P.E.C. : « Il est parti pendant les 4 années ? »

Mme Lévêque : « Oui, les quatre. »

P.E.C. : « Comment avez-vous vécu cette époque, cette séparation ? »

Mme Lévêque : « Oh, du façon très chiche car nous avions des bons pour manger, pour tout. C’était comme en 1939-1945, mais plus facile car le civil n’était pas attaqué. Nous étions quand même tranquilles chez nous, à part les bombes qui arrivaient à la maternité puis sur l’église St-Germain –l’Auxerrois. C’était justement le jour de la naissance de mon fils.

P.E.C. : « C’est un épisode célèbre du bombardement de Paris. »

Mme Lévêque : « Oui, par la Grosse Bertha. C’étaient les premiers.

P.E.C. : « Vous vous rappelez de beaucoup de choses… »

Mme Lévêque : « Oh, vous savez,on faisait la queue pour tout ; la viande, les légumes…mais c’était pour le chauffage le plus dur. Alors, on avait des ruses ; on préparait des boules de papierjournal serré et ça nous servait de boulets. On bourrait ainsi nos cuisinières. A l’époque on se chauffait comme ça, même à Paris ! Au lieu de faire la queue , on se relayait. J’étais au Ministère de la Guerre ; j’étais secrétaire. »

P.E.C. : « Votre mari a-t-il fait la Seconde Guerre Mondiale ? »

Mme Lévêque : « Ah non !, il a fait de la Résistance. Il n’était pas content de ne pas pouvoir partir avec notre fils. Il était trop vieux ; il était de la classe 1915. Alors, il est entré en Résistance. A l’époque, nous étions directeurs d’une école,nous avions des apprentis vachers…et on a sauvé des Juifs sous le couvert des apprentis vachers… On en a sauvé 19 , il a été décoré pour ça. »

P.E.C. : « Pour en revenir ) la Première Guerre Mondiale, avez-vous un souvenir du 11 Novembre 1918 ? »

Mme Lévêque : « Oui, j’en ai un précis car ma mère a fermé les volets…parce qu’avec le deuil que nous avions…on était content que ce soit fini pour les autres, mais pour nous, ce n’était pas une joie, alors on a fermé les volets…Et j’en ai fait autant à la fin de la guerre de 40 car j’y ai perdu mon fils… »

P.E.C. :  « Pendant la Première Guerre, avez-vous vu des Allemands ? »

Mme Lévêque : « Très peu, car ils n’étaient pas venus jusqu’à Paris. J’en ai vu au cinéma ! Les cinémas restaient ouverts même pendant la guerre, ça marche toujours ça ! Il le faut, ça maintient le moral des autres. »

P.E.C. : « Justement,on a souvent lu dans les livres qu’on reprochait à l’arrière cette vie… »

Mme Lévêque : « Mais il le fallait, quand les soldats revenaient ; ça les reposait, ils reprenaient courage ! Je ne suis pas contre cela, ils avaient besoin de revivre. »

P.E.C. : « Après la guerre, on imagine que ces évènements étaient toujours présents dans votre esprit.. ou avez-vous essayé d’oublier ? »

Mme Lévêque : « Chez nous, on a vécu ça longtemps pour mon frère. Il a laissé derrière lui une petite fille et mon beau-frère en a laissé 3. C’était un ami de Dorgelès. »

P.E.C. : « Quels ont été les grands hommes de cette guerre selon vous ? »

Mme Lévêque : « Joffre naturellement, Foch et Clémenceau. Lui, c’était un Grand Homme ; on n’en fait plus des comme cela ! Joffre nous a sauvé avec les Taxis, mais c’est difficile pour moi de vous raconter tout cela. Je n’avais que 16 ans et je ne sortais pas beaucoup. Je voyais mes parents pleurer… J’étais plutôt en contact avec la vie des autres quand j’ai commencé à travailler. Quand il arrivait quelquechose au ministère, on travaillait dessus… c’était du travail. »

P.E.C. : « On dit que les femmes ont beaucoup travaillé pendant la guerre »

Mme Lévêque : « Oui, beaucoup dans les usines. »

P.E.C. : « Cela a-t-il changé beaucoup de choses pour elles ? »

Mme Lévêque : « Oh oui !, même dans les campagnes, la femme avait pris une place extraordinaire. Ici à Ivors, les femmes ont pris la charrue à la place des hommes. Dans les villes ; c’était plus dans les usines. Celles qui n’avaient pas d’instruction pour travailler dans les bureaux allaient à l’usine. La femme a beaucoup travaillé en 14, comme en 40 »

P.E.C. : « Pensez-vous encore à cette époque ? »

Mme Lévêque : « Quand on en cause, tout ça est très loin…Tout ce qui a fait ma vie de jeune fille est mort. Je ne peux pas en causer avec ma fille, je ne veux pas embêter les gens avec ça ! C’est si loin ! »

P.E.C. : « Pas pour nous ! »

Mme Lévêque : « Moi qui ai payé très cher la guerre ; je suis obligée de m’en souvenir.

P.E.C. : « Nous avons des documents sur la guerre dans la région, savez-vous ce qui s’y est passé ? »

Mme Lévêque : « Non, je ne sais pas. Je me suis installée lorsque j’avais 22 ans. Nous avons eu un coup de cœur pour Ivors…Mes amis m’en ont parlé car c’était tout chaud, mais maintenant ils sont tous morts… »

P.E.C. : « C’est pour cette raison que nous avons réalisé ce projet, il fallait montrer tout cela. Dans les lettres que vous receviez des tranchées, est-ce qu’on vous racontait ce qui se passait ? »

Mme Lévêque : « Oh rien !!Oh rien !!Rien… C’était des lettres intimes et en dehors de toutes affaires militaires »

P.E.C. : « Tout était censuré ? contrôlé ? »

Mme Lévêque : « Oui, on ne payait pas la correspondance militaire d’un côté comme de l’autre. C’était gratuit. J’envoyais ma lettre tous les jours en même temps que le communiqué (du ministère). »

P.E.C. : « Vous ne connaissiez donc pas la réalité de ce qu’il vivait là-bas ? »

Mme Lévêque : « Oh non ! quand il venait, il préférait qu’on n’en parle pas. Il voulait se reposer  et ne pas en causer. Malgré tout il prenait des colères. Je me rappelle qu’il était gentil mais disait toujours ce qu’il pensait. Il était contre les « embusqués » et, pendant la guerre, il y en avait plein. Des « planqués » ; il y en a toujours. Quand il repartait , il disait : « Dire que je vais me faire casser la g… pour ces c…là » !!! »

P.E.C. : »Si vous aviez quelquechose à dire aux jeunes, vous qui avez connu les deux guerres, que leur diriez-vous ? »

Mme Lévêque : « La guerre est une chose horrible, si vous pouvez l’éviter…Mon Dieu… j’espère que ça ne reviendra jamais. C’est la chose la plus terrible qui puisse exister sur Terre. Même si en 1914-1918 il n’y a pas eu de torture, ce n’était pas comme en 40 »

P.E.C. : « Vous pensez que la Seconde a été plus dure que la Première ? »

Mme Lévêque : « Oh oui, 1914 n’a rien à voir avec 1940. Pour la première, ce sont les militaires qui ont souffert dans les tranchées . Mon mari a souffert physiquement, moralement, il a attrapé  plein de choses… Il vivait dans la saleté, avec des bêtes, les souris, les rats, les poux. Il était malheureux. Il vivait dans la boue, il dormait dans le boue. C’était abominable. Tandis qu’en 40, ils n’ont pas eu le temps de souffrir de tout cela, c’est le civil qui a payé plus qu’en 18. En 18, nous n’avons pas connu les tortures et tout ça. Ce sont des guerres différentes. En 18, on a payé de petites restrictions, on était embêté par les alarmes, il fallait descendre à la cave… mais on ne mourait pas de cela.Quand on était à la cave, on vivait tous ensemble, on ne s’occupait pas des bombes. C’était devenu une habitude. Il y a beaucoup de choses à dire, mais je suis une femme. Je l’ai vécu avec un moral différent de celui que j’ai maintenant. Je l’ai vécu d’une autre façon qu’en 40, presque plus… sérieusement. »

P.E.C. : « Avez-vous conservé des lettres de 1914 ? »

Mme Lévêque : « Non, tout est brûlé du fait que mon fils est mort, mon mari a tout brûlé. C’est loin tout ça. »

P.E.C. : « Votre vie est riche d’ Histoire ! »

Mme Lévêque : « Quand je me souviens, j’écris, mais 1914 c’est loin ! Je travaillais puis je rentrais chez moi. On n’avait pas de dimanche, seulement une demi-journée dans la semaine. Ni dimanche, ni jour de fête. » 

P.E.C. : « Après les deux guerres, que pensiez-vous des Allemands ? »

Mme Lévêque : « …je ne sais pas… En 40 ;quand mon fils a été tué ; je ne pouvais pas voir un Allemand… et puis après, je me suis raisonnée. Y a des gens qui sont morts là-bas comme chez nous. On a eu des « salopards » en 40 même entre gens du même pays… c’est épouvantable, ignoble.. Aujourd’hui, je n’ai aucune haine contre eux. Vous savez quand mon fils a été tué, ils étaient trois ; d’abord un Tirailleur,puis mon fils a reçu la 2ème balle et l’Allemand. Alors ce sont trois mères qui ont eu du chagrin ! Faut être humain…pourquoi leur en voudrai-je ? C’était la guerre !!Y a des gens qui sont braves de l’autre côté comme chez nous »

P.E.C. : « Et quand vous voyez ce qui se passe aujourd’hui ? »

Mme Lévêque : « C’est abominable !  Pourquoi tuer des enfants ? tuer des femmes ? Je ne comprends pas. Je lis le journal tous les jours, on en discute avec ma fille. »

P.E.C. : « Tout ce que vous nous avez dit est inespéré. Vous avez dépassé toutes nos espérances ! Nous vous remercions infiniment, c’était une expérience extraordinaire.Si vous le permettez, nous allons mettre votre témoignage sur papier afin qu’il figure sur le catalogue de notre exposition. »

Mme Lévêque : « Si vous voulez ! ( Mme Lévêque se tourne alors vers les élèves). Alors, vous imaginiez que c’était comme cela une femme de 100 ans ? Vous pensiez que c’était plutôt comme cela (elle mime une personne tremblotante). Y en a qui sont comme ça à 60 ans ! (rires). Mais j’aimerais partir pendant que je dors, j’en ai marre, c’est trop long !! J’entends mal et je suis obligée de vous accueillir sans bouger de mon fauteuil. »

P.E.C. : « Nous vous trouvons plutôt en forme ! »

Mme Lévêque : « Oui, mais j’étais très active, et il y a  plein de choses qui me manquent. Il me reste la vue pour lire et écrire. C’est déjà pas mal allez vous me dire ? C’est mon destin, on a chacun le sien, il faut accepter ce qui vient et ne jamais se plaindre, sinon on rase les gens. Mon village a fêté mes 100 ans, tout le village a signé le livre d’or que l’on m’a offert. C’était magnifique ! »

P.E.C. :  « Nous vous remercions infiniment, merci de nous avoir accueillis et de nous avoir fait partager cet extraordinaire moment en votre compagnie »

 

                                                               IVORS, le 11 Mai 1999


                                        Mme-Leveque-2.jpg

 

Note concernant Jacques LEVEQUE ; fils de Mme Lévêque ; d’après des documents fournis par M.Daniel HENRY ; memebre fondateur de l’ADAR (Association Départementale des Amis de la Resistance Oise)

Jacques LEVEQUE ; né le 28 Mars 1918, engagé, est tué le 20 Janvier 1945 dans la région de Thann en Alsace. Sa famille était domiciliée à Nantouillet (Seine-et-Marne) où son père dirigeait un centre d’apprentissage agricole et hebergea plusieurs Juifs et aviateurs alliés.

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 12:16

Il y a quelques années (2008-2009), à l'occasion d'un concours auquel nous avons participé, les élèves de l'AEC avaient réalisé ce reportage vidéo. Séquence souvenirs pour certains:

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 07:29
Il y a quelques années, en 2008, France 3 était venu faire un reportage sur l'AEC. Souvenirs.
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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 20:17

       FRAGMENTS  DE  VIE  -  DESTINS  CROISES

 

                                        (1939-1945)

 

 

Ils étaient jeunes et leurs belles années ont été marquées

par la guerre. Cette guerre qu’ils ne pourront jamais oublier.

 

Tout juste sortis de l’adolescence, jeunes parents, ils l’ont

tous vécue, par delà leur conditions sociales, leur origine

géographique. Hommes et femmes, civils et militaires,

issus de villes ou de la campagne, métropolitains ou Français

des Colonies, ils ont accepté de témoigner aux jeunes

élèves du Collège de Betz.

 

Ces fragments de vie recueillent l’essentiel de leur vécu,

par petites touches, avec émotion et humilité, sans héroïsme

mais avec humanité, ces témoins leur ont donné une

irremplaçable leçon d’Histoire.

 

                                        ANDRE

Je m’appelle André et j’avais 24 ans en 1939.

Originaire du Havre ; j’étais à l’époque fiancé. Par la suite ; je me suis marié, en pleine guerre le 2 Août 1941.Peu après ; mon fils aîné naissait.

A ce moment, je travaillais dans les douanes au Havre, dans l’import/export à la Compagnie du Niger Français. J’y ai travaillé 4 années durant .Nous nous sommes arrêtés de travailler le 10 juin 1940 après la défaite car les échanges maritimes cessèrent. En Octobre 1940, j’étais de retour à Paris. Là, j’ai travaillé aux Transports Théodore qui s’occupaient de l’import/export ferroviaire. Nous n’étions pas en contact avec les Allemands.

Pendant la guerre, nous n’avions pas ce dont nous avions besoin, mais heureusement j’avais quelques économies. Cependant ça n’a pas duré, on manquait de tout ; il y avait les restrictions : 4 paquets de cigarettes par mois, 3 litres de vin, des tickets pour la viande, pour le pain. Rendez-vous compte ; on n’avait que 200gr de pain par jour ! Le retour dans certaines villes était interdit, il y avait des informations du type :  « Dimanche à telle heure ; il y aura un camion…. ».Il fallait se lever tôt pour s’en procurer. Ma mère allait dans les fermes. Elle me faisait cuire un rôti de veau et me l’envyait. Je le recevais 8 jours après… Elle se procurait un peu de beurre, de la farine.Quant à moi, je ne pesais que 57 kg au lieu de mes 80 habituels.

Et puis, il y avait les bombardements. Le Havre a été bombardée. Une nuit de septembre, ça a duré de 21h30 à 5h30 du matin ! Le tunnel  Jenner a été détruit et 700 personnes ont été tuées à l’interieur. Il s’agissait surtout de bombardements alliés visant le port.

Je me souviens qu’on écoutait la radio car il y avait des interventions du Général De Gaulle et des messages codés.

 

Oui, plus tard, j’ai parlé de la guerre à mes enfants et puis, un cousin germain avait été fait prisonnier par les Allemands.

Quant à la Libération, j’avais le regret qu’il n’y ait pas eu de reconnaissance envers le Général Leclerc. Mais , j’étais heureux de voir partir les Allemands.

                                    ANNICK

« Je m’appelle Annick et j’avais 19 ans pendant la guerre. J’habitais alors à Paris, d’abord dans le Vème puis dans le XIIème arrondissement. Je travaillais dans la comptabilité aux Galeries Lafayette mais dans la fabrication.

 

Jeune fille, je connus l’épreuve de l’Exode. Avec mes parents, j’ai du quitter Paris et rejoindre les Côtes du Nord en Bretagne. Le voyage se faisait en train. Durant le voyage celui-ci a du faire des détours. En effet,en passant la Loire, il fut mitraillé par des avions italiens et juste après notre passage ; un pont a été bombardé. Le mécanicien et le chauffeur qui se doutaient du bombardement ont pris l’initiative de faire accélérer le train. C’est donc un convoi lancé à toute vitesse qui franchit le pont. Je peux dire que ce jour là nous avons eu très chaud et très peur.

 

Quant aux Allemands ; on n’était pas en contact avec eux. Il ne fallait pas les regarder c’est tout. Mais il n’y avait pas de maltraitance. C’étaient 2 mondes différents (…)Mais il y en avait partout. Tout était occupé. Même les panneaux étaient écrits en Allemand.

A l’époque ; je ressentais beaucoup de tristesse et d’incompréhension et puis quand il y a eu la Libération ; ce fut une grande joie. J’ai assisté au grand défilé avec le Général De Gaulle. Et puis les Américains avec leurs chars.

Bien  sûr plus tard, on a beaucoup parlé de la guerre, surtout que mon futur mari était agent de liaison. Un jour il a été propulsé avec sa moto par un obus qui explosa juste à coté de lui. Il en est resté invalide. Alors la guerre…. De même mon père m’avait beaucoup parlé de la sienne ; la Guerre de 14 qu’il avait faite.

Aujourd’hui, je voudrais dire aux jeunes qu’il faut s’entendre, qu’il n’y ait pas de racisme. Soyez tolérants et non pas égoïstes. »

                                                                                                  GILBERTE

Je m’appelle Gilberte et j’avais 14 ans en 1940. J’habitais Hautmont dans le nord à coté de Maubeuge à 10 kms de la frontière belge. J’étais une écolière, du moins jusqu’en mai 1940 à l’école d’Hautmont. Après, j’étais haute couturière.

C’est par les cloches qu’on a su que c’était la guerre.

Je me souviens que Maubeuge a brûlé entièrement et que le frère de mon père a été tué par un éclat d’obus.

Notre maison a été occupée et nous avons du évacuer vers l’ouest puis on est revenu. Il y en avait des Allemands ! des gradés, des pas gradés. Une fille qui avait eu des relations avec un Allemand, on lui a coupé les cheveux !

On écoutait surtout la radio mais on ne lisait pas beaucoup les journaux car il fallait un passe-droit pour s’en procurer.

Et puis, un jour, on a vu des camions américains arriver et on nous a dit que c’était fini. On a ouvert une bonne bouteille, on était content mais on se racontait les horreurs qu’on avait vues.

Que cela ne recommence jamais car beaucoup d’innocents paient. Trop de morts, trop de victimes.

Ne faites jamais la guerre !

                                        JACQUELINE

Je m’appelle Jacqueline et j’avais 7 ans pendant la guerre.

J’habitais Romainville dans la banlieue parisienne près des fortifications. J’allai à l’école au CE1 ou CE2 . A cause des bombardements ; on a quitté l’école et on est allé dans les carrières ou dans les fortifications.

A cette époque les écoles n’étaient pas mixtes. Les filles apprenaient à tricoter pour faire des couvertures pour les soldats prisonniers. Le vendredi et le samedi on distribuait à chaque écolier un gâteau caséiné, un carré de chocolat et une pastille de saccharine (ersatz de sucre). Et puis, il y avait la peur des bombardements.Les instituteurs faisaient chanter les élèves pour vaincre la peur.Romainville a subi des bombardements  car on était près de la gare de Noisy-le-Sec ; une importante gare de triage.

C’est un très mauvais souvenir, on avait froid, pas de bois, pas de charbon. On avait faim, il n’y avait pas de pain, de lait ni de beurre.

Et puis un jour, j’ai vu les chars défiler, annonçant la Libération et les Allemands fuir à pieds. C’était fini.

La guerre était inutile car aujourd’hui nous ne sommes plus ennemis, mais amis.

Je souhaite aux jeunes générations de ne pas recommencer ce jeu débile et d’essayer la négociation, vivre la tolérance.

  JIMMY  C.

 

 

Je m’appelle Jimmy C. ce prénom m’a été donné car à l’époque de ma naissance un artiste célèbre le portait

.

J’avais 17 ans quand la guerre a commencé. Je me suis engagé à Marseille étant alors domicilié à Marignane

.

Ma mère a été veuve à 19 ans, mon père ayant été tué à la Première Guerre Mondiale.

Elle était bonne chez un colonel d’aviation. Au début des hostilités nous sommes passés En zone libre.D’où ma presence à Marseille

.

Une fois incorporé , je suis parti faire mes classes à Toulouse dans la D.C.A.

Mais avec la Défaite , j’ai été mis en congé d’Armistice.

Puis, je suis parti en Afrique du Nord par Gibraltar, Tanger ; puis la Tunisie

J’ai été enrôlé pour aider les Anglais contre l’Afrika Corps de Rommel.

Ensuite,les Américains sont arrivés et j’ai participé à la Campagne d’Italie ;

                

A la bataille du Monte Cassino au côté des « Indigènes » tabors à l’arme blanche.

J’ai ensuite participé au Débarquement en Provence et libéré une grande partie de notre pays jusqu’à l’Alsace.





                          Joseph G.

 

 

 

Je m’appelle Joseph G. et j’ai 94 ans. J’en avais 38 pendant la guerre

 

J’habitais en Algérie à 140 km d’Oran.

 

Je me suis marié en 1940  et un fils naîtra. Plus tard en 1945 , ma fille naîtra.

 

 

 

J’ai été mobilisé puis démobilisé en 1940 suite à la défaite.

 

Ensuite, j’ai été remobilisé dans la marine à Bizerte (Tunisie) où nous surveillions

 

le littoral derrière des canons de 75 de marine.

 

A la demande de Lord Mountbatten, j’ai été embarqué à Oran à bord du Richelieu pour

 

aller combattre auprès des Alliés contre les Japonais. Cela m’a permis de voyager

 

beaucoup notamment en Asie et dans le Pacifique.

 

Je suis parti 11 mois par Suez, Djibouti,Colombo et Trincomalee à Ceylan où nous

 

étions basés. Je suis allé en Australie, en Indochine…à Scapa Flow (archipel de 56

 

iles dont une habitable !)

 

 

 

J’étais pourvoyeur d’obus pour des quadruples canons de 380 bofors.Ils avaient 45 kms

 

de portée. Le Richelieu était un navire de 244m de long doté aussi de mitrailleuses de 20.

 

-Votre « guerre » ne s’est-elle déroulée qu’en Extrême-Orient ?

 

Non,nous avons aussi combattu les Allemands sur les côtes de Norvège (au large de Bergen)

 

où les navires allemands étaient cachés dans les fjords. Là, j’ai combattu le fameux

 

« Tirpitz »

 

 

Habitant l’Algérie, j’ai du quitter le pays en 1962 , mais ça ,c’est une autre Histoire…..

Madame T.

« Je m’appelle Madame T. J’avais 20 ans pendant la guerre et j’habitais Lagny-Sur-Marne en Seine-et-Marne. A l’époque j’étais mariée et mon mari était prisonnier de guerre. Il y est resté 5 ans.

Après la guerre, on a eu 3 enfants. Je travaillais comme architecte dans un cabinet d’architecture.

Je garde des souvenirs affreux de cette période.

La déclaration de guerre ? Je l’ai apprise alors que je travaillais. On m’a dit que les Boches attaquaient la France.

Pendant la guerre, on était sans nouvelle de nos proches. On écoutait la radio du Général de Gaulle.

les amis des Allemands et a été fusillé. Il y avait plein d’Allemands. Ils étaient dans les châteaux autour des villages. Tous les matins ils défilaient dans les rues.

Et puis il y a eu la Libération. C’est l’armée du Général Leclerc qui nous l’a annoncée. On l’a vécue comme une fête de joie.

J’espère que ça ne recommencera pas et que les jeunes ne connaissent pas la guerre. » 



Maison de retraite d'Antilly.          Décembre 2006.    Interviewes réalisées par les élèves de l'AEC            M.ABRAN  Mlle DREUILLE



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  • : Ce blog a pour but de présenter les travaux effectués par un groupe d'élèves volontaires de 3e participant à une Action Educative et Culturelle (AEC) autour de la ligne Chauvineau et plus largement dans le Valois
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