C'est par une matinée fraîche et ensoleillée de commémorations que les élèves de l'AEC se sont rendus ce matin du 11 novembre au monument aux morts de Betz pour un hommage en marge de la cérémonie de l'Armistice. En effet, dans le courant du premier semestre 2021, un nom a été ajouté sur le flanc du monument à l'initiative de l'AEC. Il s'agit de celui de Maurice Pusset, soldat de la Seconde Guerre Mondiale disparu en 1940 et qui faillit rejoindre la cohorte de ceux qui n'ont ni sépulture ni nom à honorer sur un monument. Aujourd'hui, cette injustice est réparée et, pour l'occasion, 7 élèves se sont portés volontaires pour faire une lecture publique retraçant l'itinéraire de ce natif de Betz. Le public était nombreux et pour l'occasion des anciens de l'AEC se sont joints à la promotion actuelle. Une belle preuve de fidélité. Léa, Yanis, Kélyan, Amaïa, Laïs, Théo, Maël et Matt ont bravé la fraîcheur matinale pour évoquer Maurice Pusset. Un bel exemple d'implication citoyenne et de lien entre collège et lycée. Les écoliers d'Antilly, menés par Mme Rabussier se chargeant quant à eux du dépôt de gerbe avec l'approbation des porte-drapeaux et de Mme Dolléans, nouveau maire de Betz. S'ensuivit alors le traditionnel discours officiel et l'appel aux morts.
Voici le texte lu par les élèves.
HOMMAGE A MAURICE PIERRE PUSSET (1916-1940) « Mort pour la France »
Maurice Pierre PUSSET est né le 27 septembre 1916 à Betz, pendant la Première Guerre Mondiale. Nous n’avons que peu d’informations sur cette famille. Soldat au 106e régiment d’artillerie, il est porté disparu le 19 mai 1940 dans le hameau de Sainte Marguerite situé dans la commune de Bucy-le-Long à une dizaine de kilomètres à l’est de Soissons. Son décès n’est officialisé par le Tribunal de Grande Instance de Paris qu’en 1983. Il avait 23 ans au moment de sa disparition.
Maurice Pusset était le fils d’Emile Pusset et de Marguerite Camille Ricquier.
Son père a été tué durant la Grande Guerre. Celui-ci était sous-lieutenant au 36e régiment d’infanterie, classe 1901 du 2ème bureau de la Seine, c’était un Parisien qui était né le 17 novembre 1881 dans le 6ème Arrondissement. Ce père qu’il n’a pas connu, tomba « tué à l’ennemi » à Douaumont, dans la bataille de Verdun le 23 mai 1916 à l’âge de 35 ans, laissant derrière lui, une femme enceinte de 5 mois. En effet, le petit Maurice naquit 4 mois après le décès de son père à Betz. Curieusement, nous possédons plus d’informations concernant son père que sur lui.
Il semblerait qu’à cette date, la famille Pusset habitait à Pantin, mais les aléas de la guerre et la grossesse de Marguerite, poussèrent celle-ci à s’installer à Betz. Y avait-elle de la famille ? des connaissances ? En tout cas, c’est dans notre commune qu’elle donna le jour à Maurice.
Orphelin de père, Maurice était donc « pupille de la Nation ».
Sa dernière adresse était parisienne, puisqu’il demeurait au 3, rue Marcel Sembat dans le 18ème arrondissement. On sait qu’avant-guerre, en 1938, il vivait au 27, rue de la Py dans le quartier St Fargeau dans le 20ème arrondissement de Paris et exerçait le métier de dessinateur. Sa mère qui était institutrice et directrice d’école, est décédée peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale en 1946 à l’âge de 65 ans.
L’histoire de la famille Pusset est celle de nombre de familles françaises endeuillées par les deux guerres mondiales. Et il convient de rendre hommage à Marguerite que les 2 guerres ont privé de son mari d’abord et de son fils ensuite. Un destin tragique qui rappelle combien les civils ont payé aussi un lourd tribut à la guerre.
Aujourd’hui, nous rendons à Maurice les honneurs qui lui sont dus. Comme lui, nombreux sont encore les soldats des guerres mondiales à ne pas avoir leur nom sur un monument aux morts. Lorsqu’après la Seconde Guerre Mondiale, les noms des victimes de guerre furent ajoutés sur les flancs de ce monument, Maurice Pusset était officiellement disparu, ce qui lui interdit d’y avoir son nom gravé. Lorsque sa disparition fut commuée en « Mort pour la France » dans les années 1980, ce changement de statut passa inaperçu. Il faudra attendre les années 2010 pour que le Souvenir Français nous informe de l’existence de ce soldat, natif de Betz, mort au combat en 1940 et dont le nom ne figurait pas sur le monument. Après vérification et recherches, nous avons proposé à la Municipalité de Betz d’ajouter ce nom manquant comme nous l’avions déjà fait en 2015 pour le soldat Paul-Henri Lucet. Qu’elle en soit remerciée.
La commune de Betz n’oublie pas ses « Morts pour la France ». Sans la volonté des uns et des autres, sans l’intérêt porté à la mémoire de ceux qui ont péri pour que nous vivions, le souvenir de Maurice Pusset se serait effacé dans la nuit de l’oubli, n’ayant pas de sépulture. Désormais, son nom est associé à ses camarades d’infortune, cette génération sacrifiée de « Morts pour la France » et gravé dans la pierre pour l’éternité.
Les élèves de l’AEC « Archéo-Blockhaus » du collège de Betz. 11 novembre 2021.
L'association "Vieilles pierres et culture" inaugure l'abri voyageurs restauré de l'ancienne gare de Betz.
Les participants à la cérémonie se dirigèrent ensuite vers l'ancienne gare de Betz où un autre événement les attendait. Il s'agissait, en effet, d'inaugurer la restauration achevé de l'abri pour voyageurs situé à l'arrière de la gare et réalisée par l'association "Vieilles Pierres et Culture". Pour l'occasion, les élèves ont lu à nouveau leur hommage à Maurice Pusset, tandis qu'un discours retraçait l'histoire des travaux. A la suite de ces lectures un verre de l'amitié était offert aux convives par M.et Mme de la Oliva, propriétaires de la Bodégare.
Une belle matinée à Betz que ce jeudi 11 novembre 2021
Un grand merci aux élèves et à leurs parents, à Mme Dolléans et à l'équipe municipale, à l'association "Vieilles Pierres et Culture" et à tous les Bessins présents, à M.et Mme de la Oliva pour leur accueil.
L'Equipe AEC dédie cette matinée à M. Marc Grandemange.
Interview de Mme Dolléans et M.Abran par Frédéric Jourdain pour R.V.M.