DISCOURS 11 NOVEMBRE 2014
INTRO DITE PAR M.ABRAN professeur d’Histoire au collège de Betz
Il y a cent ans, en Novembre 1914, les canons s’étaient tus dans notre région et la Bataille de la Marne, avait conduit les armées alliées et ennemies à s’enterrer dans des tranchées dont la ligne de front s’était fixé plus au Nord. Nul n’imaginait alors que 4 longues années plus tard seulement, le clairon de l’Armistice mettrait fin à cette effroyable guerre.
Il y a cent ans, le Valois, sortait meurtri de ce qu’on appela dès lors la Bataille de l’Ourcq aux confins de l’Oise et de la Seine-et-Marne. Là, unis dans la défense de notre pays, soldats français et marocains firent pour beaucoup, le sacrifice de leur vie. Certains villages proches de Betz ont en mémoire ces terribles journées de début septembre 1914 où pour la première fois, le sang des soldats français et marocains furent mêlés dans un sacrifice commun. Leur bravoure commune fut unanimement reconnue. Monthyon, Chauconin-Neufmontiers, Penchard,le Bois du Télégraphe, Villeroy, Barcy, Etrépilly, Chambry restent des noms à jamais gravés dans l’Histoire franco-marocaine . D’autres lieux emblématiques complèteront malheureusement, la litanie des batailles.
Cent Ans après, il est du devoir de tous ; jeunes et moins jeunes générations que de se souvenir et de rendre hommage à tous ces soldats, et en particulier aujourd’hui à ceux venus du Maroc et de réaffirmer les liens qu’unissent depuis lors nos deux peuples, ici à Betz où depuis longtemps, l’amitié franco-marocaine n’est pas un vain mot.
Ecoutons nos jeunes nous rappeler, quel fut l’engagement des troupes marocaines dans la Grande Guerre :
PARTIE LUE PAR : FLAVIEN VAN DE WALLE
A la Mobilisation en Août 1914, la France prévoit d’utiliser les ressources humaines et matérielles de son empire colonial. Tout au long de la guerre 600 000 hommes ont été prélevés dans les colonies dont un peu plus d’un tiers venant d’Afrique du Nord. Ainsi, le Maroc, sous Protectorat Français depuis 1912 est mis à contribution. Cependant, celui-ci n’étant pas totalement soumis, ce sont d’abord des troupes coloniales stationnées au Maroc, composées de Français, Algériens et Tunisiens qui forment le premier convoi de 50 000 hommes. Les troupes d’élites marocaines considérées comme peu sûres ne sont pas au départ concernées.
TEXTE LU PAR : MATTEO BORREGO
C’est le Général Lyautey qui réussit à convaincre le gouvernement de mobiliser les Troupes Auxiliaires Marocaines créées en 1912. Sûr de leur qualité au combat, il impose ces hommes solidement entraînés et originaires du Haut-Atlas, du Souss et des environs de Marrakech. Le 15 août 1914 , deux régiments dits de Chasseurs Indigènes à pieds quittent le Maroc pour la France. Le premier formé de 3 bataillons est composé de 2 700 hommes s’embarquant de Rabat et Kenitra pour Bordeaux. Le second ; compte deux bataillons soit 1 600 hommes, commandé par le Commandant POEYMIRAU embarque pour Sète. Dans ses rangs, on trouve le futur Maréchal JUIN. Ces régiments sont sous les ordres du Général DITTE . Ces hommes sont envoyés au camp de Châlons pour y être formés avant l’épreuve du feu.
Parallèlement, le Régiment de marche des Spahis Marocains, composés de goumiers levés par tribus et portant la djellabah de laine est envoyé en France dès Août 1914
TEXTE LU PAR : LILIAN VIVENOT
C’est en Picardie, que les Marocains font leurs premiers combats d’abord du côté d’Amiens et tardent pas à participer à la Bataille de l’Ourcq où très vite, intégrés à la 6ème Armée du Général Maunoury ; ils se distinguent, dans des combats héroïques, violents et meurtriers , dans des corps à corps sanglants. La Brigade Marocaine y subit de nombreuses pertes mais fera l’admiration de sa hiérarchie. Ce comportement brillant sur l'Ourcq et l'Aisne vaut un rapport spécial du général Maunoury, transmis au général Lyautey : « Disciplinés au feu comme à la manœuvre, ardents dans l'attaque, tenaces dans la défense de leurs positions jusqu'au sacrifice, supportant au-delà de toute prévision les rigueurs du climat du Nord, ils donnent la preuve indiscutable de leur valeur guerrière [...] ».Les soldats marocains se font remarquer par leur dévouement et leur respect de la discipline. Pas de cas avéré de desertion ni de mutinerie dans leurs rangs. Toutefois, les Marocains ne peuvent accéder au rang d’officier, de sous-officier tout au plus. Face à leur comportement, un grade d’adjudant indigène est créé en 1916.
TEXTE LU PAR : LUCILE DUQUESNE
Après les terribles combats dans l’Aisne qui poursuivirent le recul allemand, qui vit le Premier Régiment en une journée perdre la moitié de son effectif le 16 Septembre aux portes de Soissons, les soldats marocains durent comme tous les autres s’adapter à un nouveau type de guerre ; la guerre de tranchées. Les conditions de vie et de combat y ont été particulièrement difficiles pour ces soldats qui n’étaient pas habitués aux rigueurs de l’hiver : ils connurent les maladies, les gelûres, la tuberculose etc…
Décimée, la brigade des chasseurs " indigènes " est dissoute le 22 septembre. Les 700 rescapés des deux régiments (sur un effectif initial de 4 300 hommes) sont versés dans un nouveau régiment, bientôt complété de troupes fraîches venues du Maroc. C'est ce groupe qui devient le Régiment de Marche de Tirailleurs Marocains (RMTM), en date du 1er janvier 1915
TEXTE LU PAR : CHEYENNE IONESCU
Dans cette longue guerre de position, les Marocains ont été de toutes les grandes batailles, sur tous les théâtres d’opérations :
En Champagne en 1915 où en 9 jours ; 1200 hommes sont perdus. Le régiment y obtient sa premiere citation à l’ordre de l’Armée. Le 20 août, le Président de la République, accompagné par le Roi des Belges et par les généraux Joffre et Foch, vient féliciter les Marocains ; il leur remet un drapeau, emblème du régiment. Ils combattent :
En Artois en mai-juin 1915
En Avril 1916 ; à VERDUN
En Avril 1917 ; au CHEMIN DES DAMES
TEXTE LU PAR : ELY FALL
Jusqu’au bout, ceux que les Allemands surnommèrent « les Hirondelles de la Mort » participèrent au combat de la Grande Guerre.
En février 1918, un nouveau régiment de tirailleurs marocains est formé ; il s'agit du 2e régiment de marche des tirailleurs marocains (2e RMTM), intégré à la 2e division marocaine composée de soldats non marocains mais de Français du Maroc.
Les soldats marocains repasseront dans le Valois ; en 1916 sur Compiègne, du 23 au 26 Novembre 1916 ; des unités cantonnent à Lévignen-Ormoy et Boissy-Fresnoy.
En 1918, on les retrouve au repos à Nanteuil-le-Haudouin.
Les deux régiments de marche laisseront ainsi un souvenir ineffaçable dans le cœur des chefs et camarades de l'armée française qui ont su apprécier le courage et le dévouement de ces combattants marocains, jusque dans l'enfer des tranchées. En 1919, ils sont de retour au Maroc pour y être, en partie, démobilisés après avoir participé au Défilé de la Victoire.
CONCLUSION dite par : Monsieur BROISSARD professeur d’Histoire au collège de Betz.
Aujourd’hui, 11 Novembre 2014, une plaque commémorative est inaugurée pour ne pas oublier le sacrifice commun des soldats français et marocains morts pour la France. Puisse-t-elle modestement aider nos jeunes, par delà l’Histoire et ses cruautés, à mieux connaître nos peuples aux destins parfois communs et leur communiquer les valeurs de tolérance, de devoir de mémoire et de citoyenneté.
BETZ, le 11 NOVEMBRE 2014