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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 17:44

Vendredi 9 Décembre les élèves de l'AEC sont allés visiter les Carrières souterraines de FROIDMONT situées sur le Chemin des Dames précisemment au dessus du village de Braye-en-Laonnois dans l'Aisne.

Après une impressionnante descente par des échelles dans les galeries souterraines de la carrières les élèves et leurs accompagnateurs ,guidés par Gilles CHAUWIN de l'Association responsable de la sauvegarde et de la mise en valeur du site,ont découvert à la lueur de leurs lampes-torches le fabuleux patrimoine iconographique sculpté, dessiné, laissé par les troupes françaises, allemandes et américaines stationnées dans ce dédale souterrain durant les dernières années de la Grande Guerre. Un impressionnant témoignages de la vie quotidienne, des souffrances, des aspirations et des rêves des Poilus de 1914-1918

Graffitis, messages, dessins à la mine de crayon ou à la suie ou sculptures dans le calcaire tendre des carrières en disent long sur les considérations des combattants, leurs pensées, leur croyance... A Froidmont ces témoignages sont d'une rare richesse: personnages tirés de la culture américaine: Buffalo Bill, Indiens et Oncle Sam sommeillent dans les recoins obscurs de la carrière, symboles religieux et maçonniques (croix celtiques, latines, compas....) blasons régimentaires, portraits de combattants, esprit patriotique, origine géographique, volonté de laisser une trace de son passage (initiale, identité des artistes) permettent d'appréhender de façon plus concrète ce que fut la vie de ces hommes venus se battre en Picardie, loin de leurs racines.A ces oeuvres s'ajoute une multitude d'objets encore en place ayant appartenu à ces soldats il y a presque cent ans aujourd'hui, qui jonchent le sol (douilles, bouteilles, casques, baïonettes,masques à gaz...) Un magnifique et émouvant témoin du vécu de l'Homme dans la guerre.Un patrimoine fragile à sauvegarder du temps et du vandalisme. Un grand bravo à l'Association!

Un grand merci à Gilles CHAUWIN de nous avoir communiquer sa passion, ainsi qu'aux accompagnateurs occasionnels : A.VIDAL  S.VILLAIN  E.TARQUINI   J.M. COLIN et à notre conseiller artistique: S.BOUZET

DSCN2685.JPG  Photos: A.GAUTIER

Une descente impressionnante.....                                

DSCN2700.JPG                      2 Poilus égarés.....DSCN2757.JPG

 

 M.Broissard ne serait-il pas déjà passé par ici?           

 DSCF2684.JPG                     DSCN2791.JPG

 

   Une représentation superbe de Buffalo Bill                 et des vestiges de la guerre jonchant encore le sol!!

DSCF2683.JPG DSCN2723.JPG

DSCN2774.JPG                   DSCN2785.JPGDSCN2795-copie-1.JPG  UN INCROYABLE PATRIMOINE SOUTERRAIN

DSCF2674.JPG

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 14:54

 

 

affiche-Le-Pantalon-1997-1-copie-1.jpg

 Les élèves ont travaillé sur le téléfilm "Le Pantalon" d'Yves BOISSET sorti en 1997. Ce film ne les a pas laissé indifférents et les réactions furent nombreuses face à la description de l'injustice et de l'absurdité de la guerre.  

 C'est l’histoire d’un soldat, Lucien Bersot, fantassin sur le front de l’Aisne

en février 1915.

Ce soldat fut affublé, en plein hiver, d’un pantalon de toile blanche. En

toute logique, martyrisé par le froid, il réclama un pantalon de laine rouge garance

comme en portaient ses camarades à cette époque.

Un jour, devant son insistance, le sergent Fourrier lui en tendit un en lo-

-ques,maculé de sang, celui d’un mort. Il lui intima l’ordre de le revêtir tout

de suite.Il s’y refusa.

Alors commence l’une des histoires les plus affligeantes et incroyables de la Grande Guerre

 

En effet, il s'agit d'une histoire vraie; celle de Lucien Bersot fusillé pour l'exemple pour avoir refusé cet ordre et qui sous l'insistance d'un colonel fut traduit en conseil de guerre.

L’ affaire dans son contexte historique

« C’est pour les décrets du 2 août et du 6 septembre 1914 qu’ont été institués les conseils de

guerre spéciaux, appelés également cours martiales, qui venaient s’ajouter aux conseils de guerre

  

 

Février 1915. Dans les tranchées, les poilus épuisés et écoeurés par les assauts stériles

 

qui jonchent les champs de bataille des cadavres de leurs camarades accusent une

baisse d’enthousiasme. Pour relever les esprits, les hauts gradés trouvent, de leur

b u reau, la solution : il suffit de faire des exemples, de fusiller quelques hommes pour

rétablir la discipline. Des consignes qui viennent de très haut et que le colonel Auro u x ,

expéditif, applique ... Un conseil de guerre, une condamnation capitale, une exécution.

La femme de Bersot n’a plus qu’à pleurer. . .

.

C’était une juridiction d’exception qui avait compétence pour juger civils et militaires sus -

pectés de crimes contre l’ordre et la paix établis, formule paradoxale quand on songe qu’on

était alors en pleine guerre mondiale ...

Les condamnations prononcées par les tribunaux n’étaient alors susceptibles d’aucun

appel, recours en révision ou pourvoi en Cassation.» 

 Dossier de la chaîne ARTE consultable sur son site.

 

 

 

 

SrvImg-copie-1.jpg    Fiche de Lucien Bersot consultable sur le site "Mémoire des hommes"

 

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:06

 Je recommande particulièrement le site de la famille BELLUT originaire de Bargny: http://famille.bellut.free.fr

28 août 1944

LIBÉRATION DE BARGNY (Oise)

MON VILLAGE NATAL

PAR L’ARMÉE AMÉRICAINE


Voici comment j’ai vécu la libération de mon pays.

Le 28 août 1944, comme chaque matin, à 7 h 45, je descendais à bicyclette à mon travail à Betz, situé à 2 km de Bargny. Je travaillais depuis ma démobilisation, le 28 novembre 1942, chez M. Garnier, grainetier qui était également Président de la Commission d’Achat nº 28 du Ravitaillement Général de l’Oise. J’étais secrétaire de cette commission d’achat.

Dans la descente vers Betz, après le calvaire, je passais devant le château, devenu depuis propriété du roi du Maroc Hassan II. C’était alors le siège de la « Kommandantur ». J’y étais allé une fois pour mon travail et y avais côtoyé des soldats allemands, qui, à mon grand étonnement, avaient un physique asiatique : petits, bruns, les yeux bridés, absolument pas le type Aryen ! Où les Allemands les avaient-ils récupérés ? Étaient-ils des volontaires comme nos Harkis ou des « malgré nous » comme nos Alsaciens-Lorrains ?

Les habitants de Betz étaient en émoi. Depuis le 25 août, nous entendions le bruit des canons et nous savions que les Américains étaient à Nogeon (à 5 km environ), et nous avions vu, depuis quelques jours, les Allemands commencer leur retraite, avec leurs chars, autos, chevaux et même bicyclettes.

Vers 9 heures, des chars allemands passèrent en vitesse dans la rue principale où était mon bureau. Chacun disparut des rues et les fenêtres et volets se fermèrent aussitôt. Puis, ce fut le silence. M. Garnier, mon patron, dit alors : « Je vais demander confirmation aux Allemands ».

Il téléphona à la Kommandantur de Crépy-en-Valois. Il les connaissait de par son travail au Ravitaillement Général où il était chargé de répartir les denrées et victuailles pour la population du canton de Betz et pour les réquisitions allemandes. Il nous arrivait de charger des wagons de bestiaux pour l’Allemagne en gare de Betz. Les Allemands lui confirmèrent que les Américains étaient à May-en-Multien, donc tout près de Betz.

Vers 9 h 30, d’autres bruits de chars dans la rue et nous vîmes, derrière les volets, s’avancer au ralenti, une petite voiture découverte, le pare-brise rabaissé, munie d’une mitrailleuse, conduite par un soldat, les cheveux blonds, la face rougeaude et suivie de trois chars.

Nous ne savions pas que cette voiture était une Jeep et que les chars étaient américains. Les uniformes et les casques étaient bien un peu différents pour nous, mais étaient-ce d’autres unités allemandes différentes de celles que nous connaissions ?

La voiture et les trois chars s’arrêtèrent et le conducteur, de son bras droit, faisait le geste de venir à lui. Aussitôt, les volets de toute la rue s’ouvrirent et tout le monde se retrouva auprès des chars, criant de joie, embrassant les soldats américains, leur offrant des bouquets de fleurs. En août, il y a beaucoup de fleurs dans nos jardins !

D’autres chars arrivaient, mais s’arrêtaient derrière la Jeep et les trois premiers chars. Je dis alors à mon patron « Je retourne à Bargny annoncer la nouvelle » et enfourchais mon vélo en appuyant fort sur les pédales car il y a une bonne côte en sortant de Betz vers Bargny.

Mais, à hauteur du petit bois, sur la droite, j’entendis des coups de feu dans le lointain, vers Levignen. Je me dis que les Allemands n’étaient peut-être pas très loin devant moi, car ils quittaient encore Betz quand les Américains y entraient. Je ralentis donc mon allure et arrivais sans encombre à Bargny.

J’annonçai tout d’abord la bonne nouvelle à mes parents et aussitôt « au château » où était réfugiée la famille Bellut, ma future belle famille.

Explosion de joie mais interrompue par un passage de chars au bout du chemin. Les Allemands peut-être ? « Non, leur dis-je, ce sont les Américains, je les reconnais ! »

Les chars passèrent dans Bargny en direction d’Ivors sans discontinuer de 9 h 30 à 16 heures. Impressionnant défilé de puissance avec des soldats flegmatiques, décontractés, mâchant leur chewing-gum, tels qu’on les représente maintenant dans les films à la télévision. Comme à Betz, tout Bargny était dehors, criant, hurlant sa joie, courant le long des chars, donnant des fleurs, des pommes, du cidre aux soldats qui eux nous lançaient du chocolat, des cigarettes Camel, des boîtes de conserve (nous n’en avions pas vu depuis quatre ans !).

Nous ne prîmes pas le temps de déjeuner à midi et beaucoup aussi sans doute à Bargny. Les soldats ne demandaient qu’une chose : des œufs ! Sans doute pour palier à leur nourriture faite de conserves.

Au cours d’un arrêt, un soldat monta dans le clocher de l’église pour observer les environs et, comme j’avais essayé de parler anglais avec eux, les trois occupants d’une Jeep m’ont demandé en me montrant une carte de leur indiquer Levignen. Ils m’ont fait monter dans la Jeep et je leur ai fait prendre le chemin dit « Le pavé de Levignen » qui, au bout de 2 km aboutit à la départementale Betz/Levignen/Crépy. Là, ils se sont arrêtés, ont regardé et m’ont ramené à Bargny. Je n’étais pas peu fier d’être monté dans une Jeep avec des soldats américains !

Après les chars, des voitures de la Croix-Rouge faisaient la navette vers Betz.

Un camion allemand avait été abandonné le matin par ses occupants, à la sortie de Bargny, sur le côté gauche de la route d’Ivors.

Après ce passage des Américains, ce fut le pillage de ce camion qui contenait de tout, mais surtout des bougies. Tout Bargny s’éclaira les jours suivants avec ces bougies, car il y avait des coupures de courant. Mais, un petit avion de reconnaissance américain, intrigué par le rassemblement auprès du camion, fit deux ou trois passages au-dessus et vint atterrir dans le champ en face, de l’autre côté de la route. Les deux aviateurs vinrent voir de quoi il s’agissait et, sans rien dire, s’envolèrent à nouveau.

A Betz, il y eu aussi le pillage, en gare, d’un wagon entier de… parfum !

Plusieurs mois après, un an même, tous les habitants exhalaient la même odeur de parfum quand on leur parlait !

A Mareuil-sur-Ourq, où nous avons vécu 34 ans, c’est un wagon de sacs de provisions en cuir qui avait été pillé… et pendant des années, on voyait les femmes de Mareuil faire leurs courses avec le même sac.

Enfin, revenu à Betz dans la soirée voir ce qui s’était passé dans la journée, j’assistais à un spectacle qui m’a intrigué : sur un char américain en marche, j’ai reconnu un cultivateur important de la région brandissant un drapeau tricolore ! Or, cet homme était connu pour recevoir souvent à sa table des officiers allemands, d’où mes interrogations !

-             Avait-il été vraiment un collaborateur ?

-             Avait-il retourné opportunément sa veste ?

-             Ne recevait-il les Allemands que pour en tirer des renseignements pour la résistance ?

Il ne fut pas inquiété par la justice française après le départ des Américains.

Dans les mois suivants, nous avons sympathisé avec un Américain qui étaient cantonné à Bargny, le capitaine Charles Rooney, qui était dans le civil attorney-at-law à Topeka (Kansas).

Nous l’avons invité à notre mariage le 4 avril 1945, et comme cadeau, au dessert, il nous a apporté quelques oranges, cadeau qui fut très apprécié à l’époque, et, à l’issue du repas, il a rédigé à notre intention, au dos d’une enveloppe que je garde précieusement, le mot suivant : « It is good to see such good cheer. I can tell France’s friends in America, that France can still be gay, and France will never die. Vive la France » (« C’est agréable de voir une telle vraie gaieté. Je peux dire aux amis de la France en Amérique, que la France peut encore être joyeuse et que la France ne mourra jamais ! ») Charles Rooney, Capt. US Army.

J’ai écrit deux fois à Topeka pour avoir de ses nouvelles, sans résultat. Peut-être sa vie s’est-elle arrêtée plus loin de Bargny, quelque part en France ou en Allemagne ?

Longtemps après le passage des Américains, le 28 août, jusqu’en octobre, au moment des labours, j’ai eu dans les yeux l’image des traces profondes des chenilles d’un char américain dans un champ, près de la Marnière de Cuvergnon jusqu’à l’orée du bois de la route d’Ivors.

Ces traces resteront pour moi les traces de la liberté : nous n’avions plus à craindre  le travail forcé en Allemagne, le risque d’être pris en otage à la suite d’un attentat contre les Allemands et nous avions la faculté d’écouter librement Radio-Londres sans se cacher et sans craindre une dénonciation.

Nous étions libres, grâce aux Américains, une deuxième fois en moins de 30 ans, comme en 1914/1918.

Jean Hermant
 
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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:42

DSCF2631.JPG                                                      DSCF2629.JPG

Les élèves de l'AEC commémorent le 11 Novembre. Après avoir découvert le site Mémoire des Hommes et travailler sur quelques soldats de la Grande Guerre, les élèves ont organisés une exposition sur la Guerre 1914-1918 au CDI. Certains d'entre eux ont apporté des objets et des documents divers issus des archives familiales ou de découvertes. Qu'ils en soient remerciés. Parmi les objets remarqués; une boucle de ceinturon  sur laquelle on peut lire "Gott Mit Uns"et baïonette allemandes,des douilles d'obus décorées, un cendrier réalisé dans une douille, des journaux d'époque, un casque Français type Adrian, des billes de schrapnell en acier , des médailles militaires. En connaisseur et collectionneur; Quentin nous a commenté quelques-uns d'entre eux issus de sa collection et nous a fait partager sa passion. Quelques panneaux sur la Bataille de l'Ourcq (Septembre 1914) et les destructions de Betz complètent la vitrine.Bien entendu, et cela est desormais la coutume, ce sont des élèves de l'AEC qui ont pavoisé le collège.

 

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Les élèves pavoisent....

 

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Tous nos remerciements à Quentin, Fabrice, Mélissa,Quentin B. et la famille Mus. Un grand merci à Mlle Fougeret qui a mis à disposition le CDI et le matériel d'expo. Et aux photos bien sûr.... Aurore (Quelques clichés d'objets sont bientôt à paraître)

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 21:46

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Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Bouillancy fut le lieu d'un aérodrome. Je vous invite à découvrir le magnifique site de M. François-Xavier Bibert qui y consacre un article ainsi qu'une interview de Mme Lewko effectué en 2009.

http://bibert.fr/Joseph_Bibert.htm

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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 22:46

-  - La guerre à Neufchelles et Crouy-sur-Ourcq, les 9, 10 et 11 juin 1940 Récit témoignage Maître Pierre Veron,  avocat au barreau de Paris, commandait en 1940 la 5’ compagnie du 103’R.I. D’une vieille famille du village de Mureuil-sur-Ourcq, où il passait toutes ses vacances dans la maison de ses ancêtres, il se retrouva en pleine retraite dans cette région située aux confins des départements de 1 ’Oise, de l’Aisne et de la Seine-et-Marne.

 

Son récit n’a pour but que d’évoquer une page de cette triste épopée qui ne figure dans aucun livre d’histoire et qu’il est sans doute le seul témoin susceptible de rapporter pour nous laisser l’image émouvante de cet enfant du pays qui, avec ses compagnons, a maintenu l’honneur dans une armée par trop souvent diffamée. Dans la forêt d’Argonne, exactement à la Haute-Chevauchée, où il campe en réserve de G.Q.G., le 103“R. 1. (41“D.I.) s’apprête à recevoir une mission d’évidente urgence. Au petit jour du dimanche 9 juin 1940, le régiment est embarqué dans des autocars qui, en convoi, vont gagner la Mame et en suivre le cours jusqu’à Château-Thierry, survolés par une escadrille de cinq chasseurs français qui jouent le rôle de ccchiens de berger,,. La Marne franchie à Château-Thierry, vers midi, on y apprend que la destination initiale du 103“R.I. était le renforcement de la défense de l’Aisne dans la région de Soissons, mais que ce même 9 juin l’ennemi a franchi l’Aisne tôt le matin et qu’une autre mission est désormais confiée à notre unité. Le débarquement de nos autocars s’effectue au château de la Trousse, non loin de Lizy-sur-Ourcq, avec mission de marcher vers le nord. Le commandement connaît tellement mal le rythme de l’avance ennemie depuis le début de la matinée de ce même 9 juin 1940, qu’il ordonne la progression à travers champs et bois, avec <<dispositions de combat,,, comme si l’ennemi pouvait surgir d’un instant à l’autre du moindre bosquet ou repli de terrain. -

 - Commence alors, en direction de Crouy-sur-Ourcq, une marche à travers champs, que les cultures non moissonnées rendent très fatigante. Au bout d’une heure, le lieutenant Pierre Veron, pour sa 5“ compagnie, décidera d’y mettre fin, pour adopter une marche sur route, mais en veillant à une progression très prudente, en file indienne très échelonnée. La Y compagnie, par Fussy, atteint Crouy dépeuplé de tous ses habitants et s’engage dans les méandres du chemin de halage du canal de l’Ourcq à destination de Neufchelles, localité qui lui est assignée comme position à occuper. Cet itinéraire est plus long mais plus sûr, car les frondaisons des peupliers qui bordent le canal mettent la troupe mieux à l’abri des vues aériennes des Stukas si redoutés. Vers la fin de l’après-midi du dimanche 9 juin 1940, l’arrivée à Neufchelles, vide de tout habitant, semble-t-il, s’effectue sans incident. Ce 9 juin, la 5‘ compagnie est privée du quart de ses effectifs : il s’agit des permissionnaires qui, après le 10 mai 1940, n’ont pu rejoindre, du fait du bombardement systématique des <<garesr égulatrices,,, détentrices (comme la poste aux armées) de d’ordre de bataille,, ... c’est-à-dire de la localisation des unités sur le terrain. C’est donc avec une compagnie réduite à une centaine d’hommes à peine que le lieutenant Pierre Veron devra faire face à sa mission. Cette mission consiste àtenir Neufchelles dans sa totalité, ainsi que le Clignon (rive gauche) depuis son embouchure dans le canal de l’Ourcq jusqu’à la commanderie de Montigny-1’ Allier, exclusivement. Neufchelles proprement dit est confiée à la 4c section qui s’installe dans le village, autour de l’église et de la ferme Quintin. Elle est commandée par le lieutenant de réserve Fistère, de Meaux, professeur agrégé d’anglais dans un lycée de Paris, et à qui son chef sait pouvoir faire toute confiance. Les autres Cléments bordent le Clignon par groupes de deux hommes, tous les 200 mètres. Pour aller se placer, ces hommes suivent le chemin de halage le long du Clignon, lequel, à cet endroit, est canalisé. Ceux de la section de mitrailleuse du sous-lieutenant Chinardet les accompagnent, à destination, plus loin, de la commanderie de Moisy a Montigny-l’Allier. Se présente alors une particularité de cet itinéraire, le franchissement de l’Ourcq par le pont-canal du Clignon, analogue, en bien plus petit, au pont-canal de Briare. Ce pont-canal comporte sur ses deux rives des berges artificielles, cctrottoirs,, trop étroits pour permettre aux voiturettes d’y poser leurs deux roues. Alors, très vite et spontanément, sans avoir reçu aucun ordre, deux des mitrailleurs du sous-lieutenant Chinardet descendent dans l’eau tout habillés et, soutenant sur l’épaule gauche le moyeu de la roue droite de chaque voiturette qui surplombe l’eau, ils assurent le franchissement de cet obstacle imprévu. Dans le regard qu’échangent à cet instant les deux officiers, il y a de la gratitude, de la confiance et de la fierté. -

- Le P.C. de la Secompagnie est tout d’abord fixé dans le <<château,, de Neufchelles, alors propriété de Monsieur François André, propriétaire des casinos de Deauville, Cannes, La Baule. Et là - découverte ! - se trouve déjà installé le P.C. d’un peloton de cavalerie - en réalité de motos - commandé par le lieutenant Perrin et appartenant à une division angevine qui dépêche ses motards en direction de la forêt de Villers-Cotterêts : Ivors, Boursonne, Coyolles. Chaque motard en revenant (ceux qui reviennent) rend compte des points du <<paysage>o>ù il a été l’objet de tirs ennemis, ce qui permet de pointer sur la carte la progression allemande depuis l’Aisne vers la Marne. Neufchelles, en ce IO juin 1940, présente deux particularités : tout d’abord, un <<fosséa nti-chars,, merveilleusement creusé, pendant l’hiver 1939-1940, de part et d’autre de la route vers Mareuil (alors N 36), se prolongeant jusqu’au canal, vers l’embouchure de la Grivette. Pour achever cet ouvrage de défense anti-chars, il ne restait plus, <<lem oment venu,,, qu’à le terminer en détruisant la route elle-même. Sans doute le commandement a-t-il estimé que <<lem oment venu,, n’était pas venu. Et le fossé anti-chars ne fut jamais complété par la destruction de la route elle-même, ce qui lui enlevait toute efficacité concevable, toute raison d’être. Qui fut responsable de cet impardonnable ccoublin ? D’autre part, pendant le même hiver, avait été constitué -sur un arc de cercle décrit au nord-est de Paris et de 70 kilomètres de rayon environun alignement de petits blockhaus, destinés à la <<défensrea pprochée de Paris,,. Il en existait plusieurs dans la région, notamment auprès du pont de Crouy, sur le canal, aux environs de Macquelines, etc. L‘un d’eux se trouvait après la sortie de Neufchelles, 2 quelques centaines de mètres 2 gauche de la route vers Mareuil, et à proximité du fossé anti-chars qu’il prenait en enfilade. La caractéristique de ces blockhaus était qu’ils n’avaient pas encore reçu le bouclier en acier destiné à obturer l’embrasure et à supporter, montées sur rotules, les armes destinées à assurer la mission de ces ouvrages. Si bien que toutes les embrasures étaient béantes. En revanche, l’ouvrage proche de Neufchelles était muni du téléphone, ce qui explique l’anecdote suivante. Le lundi 10 juin, le lieutenant Veron a reçu la visite de son chef de bataillon, venu de Crouy lui confirmer sa mission défensive <<coûteq ue coûte,, : il est environ 14 heures. Puis le chef de bataillon Henry poursuit sa route en voiture vers Mareuil, pour rejoindre Montigny-l’Allier, OÙ se trouve une autre compagnie de son bataillon (la 6“). Vingt minutes ne se sont pas écoulées depuis le départ du chef de bataillon que le lieutenant Veron est appelé au téléphone du blockaus : on veut parler personnellement <<àl’ ofticier qui commande Neufchelles.. .>> Le lieutenant entend alors son interlocuteur, qui se présente comme étant le porte-parole du commandement de la région, sans autre précision, lui intimer l’ordre de la retraite immédiate, sans discussion. -

 

- Comme le lieutenant Veron, vingt minutes plus tôt, a reçu de son chef direct, la mission inverse de défendre coûte que coûte Neufchelles, il en fait l’objection à son interlocuteur, qui, toujours sans donner de précision ni sur sa qualité, ni sur son identité, réitère son ordre sur un ton coléreux. Le lieutenant se déclare prêt à n’obéir qu’à un ordre écrit qui émanerait de l’autorité régulière dont il relève ... et il raccroche. Peu enclin à voir partout la cccinquième colonne,,, comme beaucoup en cette période l’ont fait, parfois sans discernement, le lieutenant Veron est singulièrement porté à considérer que ce jour là, s’étant branché - mais de quelle façon ? - sur le téléphone de campagne, un agent de la cccinquième colonne,, s’est efforcé de semer le désordre dans une unité destinée à se trouver prochainement ccau contact,>. La Ycompagnie du 103‘RI - son chef en a progressivement pris conscience en l’absence de toute information du commandement - se trouve placée à l’extrême gauche de la 41“ division - a sa tête, le général Bridoux, qui sera ministre de la Guerre du gouvernement Pétain, pendant l’occupation. Une fois partis les motards angevins et les occupants des blockhaus de la défense rapprochée de Paris, la Ycompagnie ignore - et ignorera toujours - si elle a sur sa gauche une unité française, laquelle et à quelle distance ? Beaucoup plus tard, le lieutenant Veron apprendra que des combats meurtriers ont opposé (mais quand ? Sans doute après son repli sur ordre, le 11 juin vers midi) des Cléments avancés allemands à une unité française, aux alentours de Boullarre, dans le secteur de la Grivette et du bois Pierrot, à proximité de la voie ferrée du chemin de fer du Nord dans le fossé de laquelle fut retrouvé, beaucoup plus tard, un fusil mitrailleur allemand (Muschinengewehr). Plusieurs soldats français, tombés au bois Pierrot, sont restés inhumés à Mareuil-sur-Ourcq pendant quelques années. Si les cavaliers angevins de la première heure se sont repliés sur ordre, si la défense rapprochée de Pans a cessé d’occuper ses blockhaus, sans d’ailleurs en informer qui que ce soit, en revanche Neufchelles est progressivement envahi par des fuyards qui refluent depuis la forêt de Villers-Cotterêts, presque tous appartenant au 23“régiment de marche de volontaires étrangers (RMVE). Il s’agit d’une unité profondément disparate dont les compagnies sont constituées à base de nationalités différentes : Arméniens, Polonais, Tchèques, Yougoslaves, Espagnols ... Pour beaucoup de ceux-ci le choix avait été simple : ou bien s’engager dans l’armée pour la durée de la guerre, ou bien vivre la durée de la guerre dans un camp de concentration. La pugnacité de ces unités était très variable, suivant leur composition ethnique. A leur arrivée à Neufchelles, les fuyards étaient regroupés dans la ferme Haussy, où les gendarmes de la prévôté les concentraient après les avoir désarmés. -

 

 - Comme on s’étonnait que la plupart des groupes fussent tous dépourvus d’officiers ou de sous-officiers, la réponse était uniforme : <<Nosc hefs, il y a longtemps qu’ils ont été tués ... >>. Alors que deux heures, quatre heures ou six heures plus tard, commençaient à arriver des gradés parfois blessés, marchant à la tête d’une poignée d’hommes qui n’avaient pas <<anticipé>le> mouvement de retraite, comme leurs prédécesseurs, sur la voie du repli ... Compte tenu de la maigreur de nos effectifs en ligne, les gendarmes de la prévôté s’efforçaient de les compléter en nous proposant d’enrôler certains fuyards concentrés par leurs soins. C’est ainsi qu’une dizaine d’entre eux furent <<affectCs>2> la compagnie du lieutenant Veron. Mais au bout d’une heure, ses propres soldats firent une démarche auprès de lui, pour lui demander d’être débarrassés de ces Cléments exogènes dont les propos défaitistes portaient atteinte à leur moral de combattant. Ils préféraient être moins nombreux, mais entre eux, qui se connaissaient bien. Car le lieutenant Veron veut souligner ici que la 5” compagnie du 103‘ RI avait, depuis le début de la campagne, c’est-à-dire depuis le mois de septembre 1939, dans la forêt de Warndt en Allemagne, puis dans les intervalles de la ligne Maginot, et ensuite, fait preuve du meilleur esprit combatif et d’une discipline parfaite. Dans la soirée du lundi 10 juin 1940, un sous-officier du Génie d’une division nord-africaine vient informer le lieutenant Veron qu’il a reçu l’ordre de procéder à la destruction de trois ponts (sans doute à ce moment là le pont routier de Mareuil sur le canal était-il déjà détruit ?). Les trois ponts étaient : - celui de Neufchelles sur le canal, - celui SNCF de la ligne Paris-Reims, sur le canal, - celui dit <<duT acot>>d e la Compagnie du sud de l’Aisne (C.S.A) de Mareuil à Château-Thierry, sur le canal également. Ces trois ponts ayant sauté, force est au lieutenant Veron de transférer son modeste PC depuis le château de Neufchelles (rive droite) dans la maison du passage à niveau (rive gauche). Le garde-barrière, en se repliant, a laissé poules et canards. D’où omelettes et autres entorses à 4 ’ ordinaire,, , d’ail leurs défaillant. La nuit du 10 au 11 juin 1940 va être brève, car très tôt le matin, le lieutenant Pierre Veron est alerté par un incident qui s’est produit au cours de la nuit : une voiturette de munitions tirée par un cheval, venue par le chemin de halage, est tombée - avec son cheval - dans le canal un peu en amont du pont de Neufchelles, vis à vis du jardin du <<château>I>l .f aut à tout prix récupérer et le cheval et les munitions, et tout d’abord dételer le cheval dans l’eau, le ramener sur le chemin de halage. puis repêcher la voiturette après l’avoir déchargée des caisses de munitions.

 

 

 

- La pauvre bête a déjà effectué 10, 20 tentatives infructueuses. Alors que son train arrière s’appuie sur le fond du canal, la berge àbord franc est trop haute pour ses pattes de devant, età chaque tentative maintenant elle épuise ses dernières forces. Devra-t-on l’abattre ? Comme si elle avait deviné, la pauvre bête, dans un suprême effort, parvient à se hisser enfin sur la rive : là, elle demeure sur le chemin de halage, immobile, transie après plusieurs heures dans l’eau, et secouée de tremblements. Maintenant on s’affaire, dans l’eau fraîche du canal, à repêcher voiturette et munitions. Et d’abord à détacher les caisses et à les remonter. A peine commencent-elles à affleurer que, légères dans l’eau, elles révèlent leur poids dans l’air ! A grand-peine, la moitié du chargement est-elle récupérée que l’arrivée des Allemands est annoncée et qu’il faut se préparer au combat. Le repêchage est donc interrompu ; et les habitants de Neufchelles, au retour de l’exode, ont pu, je le sais, constater la présence d’une voiturette et de ses caisses, dans le canal, à proximité de la rive gauche, à 300 mètres en amont du pont. Mardi 11 juin vers 10 heures. L‘ennemi, venu de Mareuil vers Montigny-1’ Allier par la route du haut, en bordure de laquelle achèvent de se consumer un avion français abattu et le hangar Pivot, a poussé un peu trop loin ses camions au sommet de la côte qui domine Montigny. Et les fantassins allemands, quelle que soit la rapidité avec laquelle ils se précipitent pour déborder Montigny par l’est, sont repérés et tombent sous le coup des mortiers du sous-lieutenant Chinardet en batterie dans la cour de la dernière maison alors construite à gauche sur la chaussée de Montigny, à la sortie vers Crouy. Quelques Allemands sont tués. Et la tombe de l’un d’eux demeurera quelques années au sommet de la côte vers Mareuil, à droite dans le virage. Vers 12 heures, le 11 juin à Neufchelles, l’ordre survient : renoncer à défendre le passage du Clignon et se replier sur Crouy. Cet ordre de repli, le commandant de la 5“ compagnie le communiquera lui-même à chacun de ses hommes, trop d’exemples s’étant à ce sujet produits, ad’erreur,,, d’incompréhension, de méprise. En position sur la rive gauche du Clignon, les petits postes attendent d’un instant à l’autre que survienne l’ennemi, lorsqu’ils reçoivent l’ordre de se replier vers le chemin de halage du canal de l’Ourcq, en direction de Crouy. Le commandement de la compagnie vient d’apporter l’ordre à son dernier poste, juste en aval de la Commanderie, lorsque surviennent deux Allemands qui, passés sur la rive gauche, essayent d’acculer nos hommes à revers pour les jeter dans le Clignon. Leur tentative audacieuse est rapidement calmée par une ou deux rafales : ils n’insistent pas. Et le repli peut s’effectuer. Ils ne réussiront que trop bien, une heure plus tard, lorsqu’ils captureront la section de mitrailleuses du sous-lieutenant Chi-  - nardet empêtrée avec ses voiturettes à chevaux sur le pont-canal du Clignon franchissant la rivière de l’Ourcq. A l’aller, la veille, des hommes sont descendus tout habillés dans le Clignon pour porter le moyeu de la roue qui surplombe l’eau. Mais le lendemain, en sens inverse, avec l’ennemi aux trousses, il n’en est pas de même. Et la section de mitrailleuses, entravée dans sa retraite, est capturée. Son chef le sous-lieutenant Chinardet, volontaire pour l’Indochine, après 5 ans de captivité, y trouvera une mort glorieuse. Ce 11 juin vers 13h30, la Secompagnie a pu se regrouper sur le chemin de halage de l’Ourcq à Neufchelles, en direction Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne). Crouy-sur-Ourcq 11 juin 1940. Il est 14h30 lorsque la 5“ compagnie - par le chemin de halage, le passage à niveau SNCF - le Champivert - entre dans Crouy-sur-Ourcq vide d’habitants, avec mission de défendre cette localité contre les entreprises ennemies. Mais par où se manifesteront-elles ? Il convient donc, avec une centaine d’hommes, de faire face dans toutes les directions. Un canon anti-chars de 37” placé dans ce qui était alors la propriété du petit séminaire de Conflans - aujourd’hui collège - est braqué en direction du passage à niveau. Quelques postes, de deux hommes chacun, font face aux lisières, vers l’ouest, à une possible attaque en provenance de la voie ferrée. Le gros des hommes (si l’on peut dire !) est affecté à la défense vers le nord-est contre un ennemi supposé venir de Montigny-l’Allier, qu’il tient depuis le matin. A cet effet des postes sont placés dans cette direction, notamment dans la dernière propriété à droite vers Montigny, dont le mur est percé de quelques meurtrières. Agréable surprise : un jeune aspirant d’une unité voisine vient se mettre à ma disposition avec un canon anti-chars de 2Smm, arme toute récente et déjà très renommée. Ma satisfaction est àpeine exprimée (et la mission expliquée) que - tout confus - ce jeune officier me fait part du contre-ordre qu’il vient de recevoir et qui le rappelle à son unité d’origine. C’en est fini du trop beau canon de 25”. Une grande heure passe. Puis l’ennemi venant de Montigny-l’Allier se manifeste par des tirs de mortier sur la partie nord-est de Crouy - tirs qui, miraculeusement, ne font pas de victimes parmi nous, mais nous ccfixent)) dans Crouy. Car tel est le but de l’ennemi : nous enfermer dans Crouy, entre la colline et l’Ourcq, et nous fermer la sortie vers l’ouest, vers Fussy, vers Ocquerre, vers Lizy, etc ... Les tirs de mortiers continuent, moyennement nourris ... C’est à ce moment que survient l’ordre officiel de repli en direction de La Fertésous- Jouarre. -

 

 - Je donne l’ordre au sous-lieutenant J. de (<ramasser>n>o tre canon antichars et tous les hommes postés aux issues de Crouy, face à l’ouest, de les emmener avec lui vers La Ferté-sous-Jouarre, de les rassembler sur la route 2 son point d’embranchement avec celle vers Mamoue-les-Moines, et de m’attendre à ce carrefour. Pour ma part, et ensuite, je (<ramasserai>l>e reste de la compagnie et, par le même itinéraire, me dirigerai vers la Ferté-sous-Jouarre avec ce même point de rendez-vous. Pour m’assurer que mon ordre a été correctement exécuté, je parcours le Champivert et constate que notre canon antichars a été relevé. Puis je jette un coup d’oeil sur les diverses issues - et, surprise ! - constate qu’elles sont toujours tenues par les postes de défense que le sous-lieutenant J. n’a pas relevés .... et qui se trouvent (<oubliés>>, en risque de demeurer là jusqu’à ... Je les relève (dans les sentiments que l’on imagine) et les emmène avec les autres Cléments de la compagnie directement sous mes ordres. Mais pendant ce temps-là, l’ennemi a presque achevé son mouvement d’enveloppement. Et lorsque, par la route, nous approchons de la maison de retraite, sur notre gauche, nous sommes salués par un tir d’infanterie très nourri, venant de la gauche. Les Allemands sont dissimulés dans les jardins potagers, ou abondent pois et haricots à rames. Leurs tirs - sans doute à dessein - passent au dessus de nos têtes, et j’ai toujours en mémoire visuelle précise I’émiettement par les rafales de mitraillettes, du bois des poteaux télégraphiques alors, en sapin, un mètre au-dessus de nos têtes ... Nous nous jetons dans le fossé gauche de la route qui nous offre un talus d’appui de tir idéal. Et notre riposte, tirée au jugé, dans la verdure potagère, a pour effet de calmer le tir ennemi. Mais nous entendons nettement les Allemands qui nous crient, en français de nous rendre ... Finalement, d’extrême justesse, nous parvenons à nous faufiler hors de la nasse et prenons le chemin de Fussy et au-delà, c’est à dire le même en sens inverse que deux jours plus tôt, le dimanche 9 juin. En même temps que je m’éloigne de l’agglomération avec ma compagnie, mon attention est attirée par l’un de mes hommes qui, à plat ventre dans un petit chemin creux, tire au fusil sur les Allemands qui, parallèlement à notre retraite, sur notre gauche, courent pour tenter encore de nous couper la route. Pour ce faire, il leur arrive de devoir sauter en courant par-dessus fossés, sentiers, ou chemins creux. Et notre homme, un véritable tas de cartouches a portée de la main, de tirer les ennemis au vol, alors qu’ils sautent. Je lui représente que l’ordre de repli a été donné, qu’il doit se joindre aux autres Cléments de la compagnie en retraite, qu’il n’a pas qualité pour faire, à son seul gré, la guerre au <<IIIeReich>etc,. .. etc. .. Il ne veut rien entendre, me signalant 2 chacun de ses coups de feu le beau (<carton>q>u ’il a réussi - ou manqué ... Ce  garçon, fraîchement arrivé à la compagnie, avait été caporal -cassé ! - dans la Légion - J’ai appris qu’il aurait été enterré à Vendrest. A l’embranchement à droite, vers Marnoue-les-Moines, il y a au bord de la route un hangar avec encore de la paille. Nous décidons d’y prendre quelques heures de repos, avant de continuer vers la Marne, tout en surveillant très sérieusement une éventuelle poursuite ennemie depuis Crouy (le bruit a couru, mais non vérifié, que des Cléments allemands, motorisés, seraient venus jusqu’au virage le plus proche du hangar sans insister davantage). Personnellement j’ai reçu 18 l’ordre confirmatif du repli au-delà du pont du Mémorial dans la Ferté-sous-Jouarre. Je veux alors m’assurer auprès de la compagnie voisine, à ma droite (la 9e, mon ancienne compagnie, celle de la forêt de Warndt) que son chef a bien reçu le même ordre et le prévenir qu’en tout cas mon départ sur ordre va laisser son flanc gauche à découvert. Il s’est alors retranché dans un petit bois à quelques centaines de mètres à l’est de mon propre emplacement, c’est-à-dire du hangar de Marnoue. Et il me dit que, pour sa part, il n’entend pas se replier, n’ayant pas reçu personnellement d’ordre en ce sens destiné à sa compagnie, ordre qui, pense-t-il, devrait, même avec retard, lui parvenir. J’ai su après la guerre, par des soldats de mon ancienne compagnie, que l’ordre de repli n’est jamais arrivé (capturé ? égaré ? désertion ?) et que la 9“compagnie - déjà très éprouvée à Inor (Meuse) en mai 40 - a résisté jusqu’à sa demière cartouche, laissant sur le terrain quantité de tués, dont son chef, et de blessés graves (amputés). Pour notre part, en route vers le lever du jour, par le château de la Trousse, le village de Limon, nous parvînmes à franchir, dans la Fertésous- Jouarre, le pont du Mémorial, quelques minutes avant sa destruction, puis à nous retrancher dans les villas, quelques-unes très élégantes, qui bordent la rive gauche de la Marne, en aval de la ville. Le récit des autres jours de la campagne de juin 1940 ne concerne pas assez précisément la région qui nous intéresse. Je ne poursuis donc pas plus avant mon récit-témoignage.        Maître Pierre VERON

VERON Pierre. « La guerre à Neufchelles et Crouy-sur-Ourcq », les 9, 10 et 11 juin 1940. Mémoires de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, 1994, XXXIX, p. 187-196.

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 19:26

NTERVIEW DE M.R.MICHON Agriculteur  à la retraite à BOISSY-FRESNOY, par T.Abran

TA : « Avez-vous connu la Seconde Guerre Mondiale ? »

RM : « Oui, j’ai 83 ans, je suis de 1927. J’avais donc 12 ans à la déclaration. J’étais un adolescent. » Rue-de-la-forge.jpg  Boulangerie

TA : « Avez-vous vu la construction des blockhaus de la Ligne Chauvineau ? »

RM : « Oui,quand mon père m’emmenait  quelquefois faire des courses, je voyais en passant leur construction. C’étaient des territoriaux qui les construisaient. Il commençaient par la trachée (fossé antichar) avec un paroi droite, un fond puis une paroi en pente inclinée. Tout cela était maintenu avec du bois. Les blockhaus étaient placés à des endroits stratégiques mais seulement quand on a été envahis, c’était limite si on ne se croisait pas avec les Allemands…. La plupart ont fui et c’était une telle pagaille qu’on encombrait les routes et ça, au détriment des soldats français qui ne pouvaient plus se déplacer avec leur équipage et les Allemands sont arrivés eux, avec des moyens mécaniques importants et j’ai vu, juste avant de partir une ambulance allemande qui avait l’air perdue et qui a été arrêtée par les Français. Ils n’avaient pas de bonnes cartes sans doute, je ne sais pas ce qu’elle faisait là. (…)

Quand on a reçu les canons (il y avait cinquante sortes de canons, de 25mm avec des obus qui ressemblaient à des balles de fusil, une arme avec déjà un bon acier perforant, le 37…), il manquait des pièces et ils ne pouvaient pas fonctionner. C’était la pagaille aussi dans l’industrie d’armement (…)

Pendant l’Exode, j’ai vu, en abandonnant les voitures vers Melun car il n’y avait plus d’essence ; de beaux avions Potel 63 au beau milieu d’un champ, abandonnés. Ils n’avaient pas tellement volé, ils étaient tout neufs.

Un jour mon père s’est fait arrêté en allant à Crépy. Le blockhaus était juste à la sortie de Lévignen. On lui barra la route ; c’était un Nord-Africain (soldat français) qui lui demanda ses papiers. Mon père présuma qu’il ne savait pas lire car celui-ci vit qu’il en avait et il le laissa passer.

A Ver Sur l’Aunette, je l’ai vu, on aurait dit qu’il y avait un groupe de peintres dans ce régiment. Ils avaient tous des tableaux, ils peignaient de beaux paysages, des jardins, des bois qu’il y avait là.

Mon père a fait un peu partie des territoriaux qui ont construit les blockhaus, mais sitôt qu’il cherchait des affectations, comme ils ont su qu’il était agriculteur, ils l’ont nommé responsable du ravitaillement. Il n’a donc pas pris la pelle pour faire les tranchées.

TA : « Parlez-moi un peu de vous à cette époque »

RM : « J’étais en pension au collège St-Joseph de Pont-St-Maxence et, au moment où ça allait mal, je suis revenu ici à Boissy. Puis on est parti en exode. On devait retrouver ma mère et mes sœurs qui étaient parties mais on ne les a pas retrouvées. Puis, mon père a acheté un tandem et on est revenu tous les deux en tandem avec  sur le porte-bagages une boîte à gâteaux dans laquelle on mettait nos victuailles. Au hasard des villes qu’on a traversées, il y avait des ponts qui avaient sauté et des cadavres d’Allemands étalés autour.

TA : « Et après cet épisode de l’Exode ? »

RM : « Après je suis revenu ici, je suis allé un peu à l’école à Crépy, car pour aller à Pont ; il n’y avait plus tellement de moyen de locomotion, c’était plus facile d’aller à Crépy.On y allait en voiture à cheval car il n’y avait plus de carburant. Mon père avait attelé une petite voiture et on y allait comme ça. Je me souviens que peu après l’arrivée des Allemands, comme on manquait un peu de personnel, le service de main d’œuvre nous a fourni des prisonniers français. On en a eu 6 et, le lendemain matin ; ils n’étaient plus que 4….Ils ont bien fait..On a correspondu avec eux, ils étaient du Pas-de-Calais et la plupart de ce régiment là, sont repartis chez eux en douce, ont trouvé des vêtements civils, tandis que les autres ont fait 5 ans de stalag en Allemagne !

TA : « Comment vivait-on ici sous l’Occupation ? »

RM : « Nous avions quand même de la nourriture grâce à la ferme, par l’élevage d’un porc ou deux qu’on coupait avec  le personnel. Il y avait aussi à cette époque une usine de lin à St-Pathus, donc comme on cultivait du lin, on touchait du tissu, mais les vêtements en lin n’étaient pas solides… Par la sucrerie de Meaux, on avait un quota de sucre, du moins par les râperies du coin car il n’y avait plus de camion. La notre était celle de Chèvreville qui avait un petit train à ligne Decauville qui passait par Villers-St-Genest, la route du Moulin de Boissy, passait derrière celui-ci et arrivait ici, à l’entrée du village où la sucrerie avait construit un hangar et une bascule pour réceptionner les betteraves. Des bonshommes, des charretiers,chargeaient les tombereaux de betteraves de plaine, on pesait le tombereau, on faisait une tare à la main, on prenait une corbeille ; on la mettait à l’arrière du tombereau, c’était un peu aléatoire et il y avait toujours des litiges car on avait toujours tendance à mettre de la terre pas mal et il y avait des bagarres. Le fermier qui avait moins de betteraves mettait les betteraves sales à l’avant puis à l’arrière il les topait un peu comme ça il y avait moins de tare…(rire) Chacun se débrouillait comme il pouvait !

La vie pendant l’Occupation n’était pas trop dure au village. Les Allemands, qui avaient besoin de ravitaillement pour les villes passaient, réquisitionnaient des animaux, des bovins ou des moutons et il fallait les laisser partir. Malgré ça, il n’y a pas eu trop de problème de nourriture dans le village. Ils passaient une fois par semaine, sans violence. Les gens avaient des jardins, des fermes. Il y en a même qui faisaient leur pain,il y avait du blé, on le moulait, faisait de la farine. Au café du pays, on grillait de l’orge. Ce n’était pas très bon, mais bon…

A Betz, il y avait une petite industrie ; l’entreprise G. dans la rue perpendiculaire à la rue principale (la rue des vignes). C’était un marchand de grains qui avait monté sa petite affaire, qui, d’ailleurs marchait pas mal, mais qui ne plaisait pas à tout le monde. Il faisait des flocons d’avoine. Le pire était l’orge perlée. On meulait l’écorce d’orge et l’amande et ça pouvait s’apparenter au riz. Seulement, étant cuit, c’était un peu gluant, pâteux. C’était une nourriture comme une autre. !!

TA : « Utilisiez-vous le train, notamment l’ancienne voie Ormoy-Villers vers Mareuil S/Ourcq ?

RM : « Pas tellement,cette voie avait été rétablie. Elle avait été importante en 1914 car elle reliait le réseau Nord au réseau Est et après ils ont du démonter une voie car elle servait moins et, à la guerre de 40, ils ont remis une autre voie. Il y en avait donc 2 à ce moment là.

TA : « Y avait-il des mouvements de Résistance dans la région ? »

RM : « Oui, tout à fait, il y avait plusieurs réseaux, dont un à Lévignen. Là ; il y a eu des salopards qui ont dénoncé des Résistants ; ça a fait arrêter leur chef .Le pauvre a été dénoncé par le directeur ou le sous-directeur de l’usine de Boissy-Lévignen. Aussitôt l’arrivée des Américains, le fils du Résistant a pris sa mitraillette (son sten) et est allé toquer à sa porte à Crépy. Il lui a envoyé une rafale. La police ne l’a pas inquiété pour ça…

Il y a eu quelques drames dans l’équipe de Lévignen . Comme les Résistants avaient caché des armes dans une tombe du cimetière ; on n’a jamais trop su si c’est une mitraillette qui était restée chargée, mais quand ils ont sorti les armes ; eh bien Martin, qui était un type comme ça, il a pris une rafale et il est mort.

Il y a eu aussi le garde-champêtre de Lévignen qui, lui, était des deux bords. Il a été convoqué par le Comité de Résistance dans le bois, il a été jugé et pendu sans autre forme de procès !

Dans le bois, il y avait un groupe de Russes évadés de l’Armée Allemande qui s’était un peu incorporé dans la Résistance du coin, ils vivaient là, dans le bois, pas très loin du passage à niveau 37 .C’était un peu loin de tout, ils s’étaient fait une hutte là-dedans et ils vivaient là. Un jour, un fermier d’ici n’était pas content car il avait mis une bâche sur sa meule de gerbe et on lui avait volé cette bâche. Il s’est engueulé avec les Russes qui sont vite repartis car il avait une mitraillette sur le ventre. (rire)… »(…)

Il y avait le docteur Rodrigue à Betz et dans d’autres coins, il y a eu d’autres groupes ; à Fosse-Martin, à Acy, il y avait un docteur Gilbert qui a fait de la Résistance. Certains ont été dénoncés, déportés…

TA : « Connaissez-vous d’autres anecdotes de cette époque ? »

RM : « Un jour de 43, j’avais alors 16 ans, le ciel s’obscurcit de forteresses volantes, qui passaient par vagues. Sur le coup de midi, on regarde,on voit un parachute. Je prends alors mon vélo et je sors. Je tombe sur des Allemands qui étaient dans Boissy, à la recherche du parachutiste. Ils me demandent comment faire pour aller dans sa direction. Je les ai envoyé complètement à l’opposé vers la Nationale (la RN2), puis, j’ai pris un petit chemin de plaine et j’ai vu ce gars. Comme, il parlait anglais et pas moi, il était entouré de gamins comme moi, et dit « fire, fire » comme s’il y avait le feu dans l’avion. Enfin, il s’en est sorti en passant par les Résistants de Lévignen. On n’a pas trop su ce qui s’était passé, mais il a eu chaud.

Une nuit, que je dormai, j’entendis une explosion importante.Je me précipitai à la fenêtre de la chambre et vis une 2ème explosion. On entendait des crépitements de balles. Le lendemain matin, je prends mon vélo et j’arrive au carrefour de la route Macquelines-Villers-St-Genest-Nanteuil-Betz.Il y avait un avion anglais qui était tombé là, un bi-moteur, un bombardier moyen de nuit qui a du être tiré par l’aviation de chasse allemande de Creil. Il avait laisser tomber une bombe près du village à 200m 300m du « pays ». C’était la première explosion. Puis, quand il est tombé, une autre bombe a explosé. Comme il a pris feu…Tous les pauvres soldats étaient étalés près de l’avion.

Un dimanche, mon père(moi, je n’étais pas avec lui), va faire un tour de plaine avec la voiture à cheval et il approche par là, des l’appelent ; il va voir ; il y avait un des parachutistes, ce devait être le mitrailleur de queue, qui était tombé ou qui s’était jeté de l’avion, à 300-400 m.Donc, il était mort là, enfoncé dans le sol par sa chute. Les gens l’ont retrouvé par l’odeur, c’était l’été, il faisait chaud. Les gens venaient là, car on retrouvait des morceaux de l’avion, on avait retrouvé la roue de queue, qu’on a pris et qui nous a servi à mettre sous une moissonneuse-lieuse.    C’étaient des lancaster .

                                     

 

 Tout ça c’est la vérité.

Il y a eu quelques Français qui ont été tués de part et d’autre de la Nationale et qui ont été enterrés au cimetière de Boissy-Fresnoy. Puis, après, ils ont été enlevés par leur famille. Car, c’était une vraie pétaudière innommable. Gamins, on allait voir dans les bois, il y avait des chevaux crevés, des munitions de fusils que les pauvres Français avaient abandonnées.ça s’est battu un petit peu, pas beaucoup.

A Ormoy-Villers, je me souviens quand les Américains sont arrivés. Ils ont envahi la ferme totalement  ils nous ont viré,car ils avaient un PC. J’ai pas dormi de toute la nuit car j’étais à l’écurie. Les Américains tiraient des obus car il y avait un nid d’Allemands à Ormoy-Villers. Ils ont tiré des coups de canon toute la nuit et le lendemain matin, ils sont partis. On les a plus revu.

Quand les avions américains à double fuselage commençaient à tirer au-dessus de la ferme, les douilles ; les grosses douilles de 12,7 tombaient sur les pavés de la cour. Ils tiraient en permanence sur les camions de la RN2. Pendant un moment, il y eut une monnaie bizarre qui a circulé dans la région ; c’étaient des pièces en alu un peu fendue car un camion de la Banque de France  avait pris une rafale. Il y avait le long de la route une coulée d’alu !! Il devait rester des pièces et les gens se sont servi !C’est de bonne guerre !!.Ils tiraient sur tout ce qui bougeait ; il y eut un ouvrier agricole qui s’est pris une balle perdue (du moins je l’espère). Il était sur une moissonneuse-lieuse tirée par des chevaux et il a pris une balle dans le dos, assis sur le siège de sa machine. Les balles se promenaient un peu partout…

TA : « La guerre a-t-elle modifié les relations au sein de votre famille ? »

RM : « A ce sujet, j’ai une anecdote. Pendant l’Exode, lorsque ma mère et ma sœur étaient parties et que j’étais resté avec mon père, un jour on voit une superbe voiture américaine de l’Armée Française. Je ne sais plus ce que c’était comme voiture, une Chevrolet peut-être ? peinte en kaki et c’était un cousin un peu plus lointain que germain de mon père, qui fuyait. Il était lieutenant et partait avec son ordonnance. Il y eu une explication violente avec mon père qui trouvait ça honteux.

Avec 4 enfants, mon père n’a pas été prisonnier.Il avait fait la guerre de 14-18 et s’était engagé à 17 ans. Il a fait Verdun où il a vu des choses innommables et il a été un petit peu dans les chars Renault. Il a vu des pauvres gars qui avaient la trouille, qui mettaient le pied dans la chenille (pour se mutiler). Mon père croyait en la France, en Pétain. Comme beaucoup, il croyait qu’il allait la sauver.

Et puis, il y a ceux qui ont pactisé avec les Allemands. A Acy, dans la grosse ferme d’Acy, le fermier de l’époque qui avait du mal se conduire à reçu un cercueil !

Par contre, à Betz, un des Duchesne  qui avait 21 ans, Henri, s’est fait tué sur son char en Alsace.(Note :Né le 23 Mars 1923 à Betz, étudiant à Paris, Henri Duchesne s’engage à la Libération et rejoint la première armée de De Lattre de Tassigny. Le 25 Septembre 1944, il est tué à bord de son char le 2 Février 1945 à Schoemstenbach dans le Haut-Rhin)

TA : « Comment avez-vous vécu la Libération ?

RM : « Mon père m’a envoyé avec un jeune voisin d’ici voir le Défilé de la Victoire à Paris en 1945. C’était fabuleux. Ce que j’ai vu de mes yeux, c’est un régiment de chars de Leclerc qui était revenu sur le char « Sergent Henri Duchesne ». Le régiment honorait son défunt. Ils avaient baptisé le char à son nom. Je l’ai vu de mes yeux ça.

                                                                                Boissy-Fresnoy, le 11 Février 2011


 

 

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29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 17:59

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                                   ECHOS DE NOS VILLAGES DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 

                                                                                            1.  LEVIGNEN

 

                                         Extrait du livret de Mme Josiane  LAMBERT "Lévignen, mon village"

                                                                    avec l'aimable autorisation de l'auteur

 

                                                                                                 "La Guerre"

La "Drôle de guerre"

 

"Les cloches de l'église sonnent, la sirène de Crépy-en-Valois hurle dans un temps interminable.Mon Dieu, la guerre est déclarée!, les femmes pleurent, les hommes vont partir, c'est la mobilisation générale; jeunes, moins jeunes, tous les hommes partent au combat.Les femmes restent au foyer avec les enfants. Dans les fermes, ce sont les parents âgés qui prennent les directives pour diriger l'exploitation. Il faut faire face à cette situation difficile.

A Lévignen, les troupes arrivent, le Maire doit trouver pour loger le 223è Régiment d'Infanterie. Les maisons sont réquisitionnées, ces braves soldats logent partout; dans les greniers, les granges. Derrière la ferme, sous le hangar, un foyer est installé. A L'Etoile; la grande maison abrite les artilleurs. A l'Hôtel des 3 Lurons, un vieux capitaine loge avec son intendance. Au 34, rue du Valois, dans la maison inhabitée, s'installe le Major du régiment, un homme d'une grande bonté qui soigne tous les gens du village (les docteurs sont partis à la guerre).

Dans les rues; une vraie fourmillère. Chaque matin, ces hommes vêtus d'une grande capote kaki partent avec pelles et pioches dans les bois pour creuser des tranchées. Lévignen est, à ce qu'on dit, la dernière ligne de défense passive. De grandes tranchées (fossés anti-char) sont ouvertes depuis le bois de Betz jusqu'à la ferme. Elles font 5 à 6 m de large et autant de profondeur étayées avec des claies pour maintenir la terre. Arrêtées par le village, elles repartent derrière les jardins jusqu'au Bois de l'Etoile; à d'autres endroits, dans les jardins, au carrefour, dans les plaines, en bordure des bois; des blockhaus sont construits. D'aucuns existent encore.

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   Les habitantsdoivent peindre les carreaux des fenêtres en bleu pour le camouflage, une distribution de masques à gaz est envisagée en vue d'une guerre chimique. Il est demandé à chacunde faire des abris dans les jardins pour se protéger des bombardements; la grosse panique et l'angoisse. Puis l'hiver arrive, rigoureux très froid, 40 cm de neige; la malchance est avec nous, le froid intense dure plusieurs semaines. Les soldats mal logés ont froid....

Un "régiment de tordus" disait mon père, mal chaussés (avec des sabots), mal vêtus, à part les pelles et les pioches, je n'ai vu aucun de ces hommes armés!"

 

  3 Lurons 1939

Le printemps est là, Lévignen est calme, cependant dans l'Est du pays les combats font rage et s'accentuent, les soldats qui occupent le village sont relevés et des artilleurs sénégalais les remplacent.Ces hommes de couleur font peur.

 

La Campagne de France.

 

Les avions allemands et italiens sont constamment au-dessus de nos têtes. Mon papa qui travaille à Nanteuil fait la route à vélo, il s'est jeté plusieurs fois dans le fossé pour éviter la mitraille.La situation se gâte, maman très apeurée ne vit plus.Mes parents décident de partir pour Angoulême chez les grands-parents. Voyage scabreux, difficile, les gares sont envahies, les trains plus que complets; nous partons en mai et ne revenons qu'en août.

Pendant ce temps, Lévignen est bombardé, une bombe tombe au pied de l'église et l'ébranle fortement, les meneaux s'écartent des murs. Tous les vitraux se brisent, de grosses fissures apparaissent, une partie du toit est enlevée...

Une seconde bombe échoue dans la cour de la maison du garde-champêtre, sa femme blessée décède des suites de ses blessures. Une troisième incendie un hangar situé dans la ferme St-Thomas. La patronne des 3 Lurons est blessée en se précipitant dans sa cave. Apeurés, les habitants décident de partir, aménagent des chariots, préparent des baluchons pour le départ....

 

L'Occupation

 

Maintenant il faut vivre avec l'occupant: couvre-feu à 21H, des motards passent et veillent .Sur la route de Crépy, une allée de platanes recouvre la route du chemin de Rouville. A 100m dans le champ, les Allemands placennt un mirador et de cet endroit les environs sont supervisés. Tout ce qui se passe sur la route est contrôlé, il faut demander un laisser-passer pour les déplacements.

Là commencent les privations. Des tickets de rationnement sont distribués et chaque personne selon son âge a sa carte avec sa catégorie J1 , J2, J3 travailleurs de force, avec la quantité de denrée attribuée; 100gr de beurre par mois, un quart de litre de lait, même à la ferme le lait est rationné, plus de sucre, d'huile, de café, de tabac, les vêtements et les chaussures sont introuvables.

Ils réquisitionnent les chevaux, les voitures, prennent le zinc qui se trouvent sur les bars dans les cafés(...) même pour les vélos il est impossible de trouver un pneu ou une chambre à air...

Dans l'autre sens, les Anglais et Américains cherchent à détruire les bases allemandes. C'est à leur tour de survoler en rase motte nos villages, nos villes. Crépy-en-Valois déplore leurs attaques qui détruisent encore. Sur la route de Gondreville, une allée de platanes couvre toute la route. Les convois allemands y stationnent en s'abritant sous les feuillus; les avions double-fuselage surgissent en trombe, mitraillent,incendient les camions. Je me souviens qu'en partant avec une équipe de moissonneurs, nous avons connu la peur de notre vie. En plein champ, trois avions ont piqué sur nous, les chevaux se sont emballés, instinctivement, nous nous sommes plaqués à plat ventre dans le chariot et avons crié. Reconnaissant leur erreur, les avions ont repris de l'altitude. Ces moments sont inoubliables.

A Boissy-Lévignen, la fille du cafetier entend les avions arriver, elle sort, monte sur une table et agite un linge blanc; trop tard c'est la mitraille; elle est blessée, une balle l'a touchée aux reins...

A Lévignen, un avion américain passe en flamme au dessus du village (je ne peux expliquer l'effet de peur que cela représente).Il tombe à la lisière du bois de Boissy...

Les gens craignent les occupants, les traites dénoncent, il ne faut rien dire et se méfier. Le 15 Août 1944, Lévignen est en transe, le garde-champêtre a dévoilé l'existence du maquis aux Allemands. Le maire se retrouve entre 2 SS: "Monsieur, dans votre village il y a des résistants". Emmené à la mairie, ce brave homme doit se justifier. Renseigné, les armes cachées dans le cimetière doivent être retirées. La nuit venue, des jeunes se livrent à cette délicate opération, une fausse manoeuvre blesse mortellement un jeune garçon de 24 ans d'une décharge de mitraillette. Ces obsèques se font dans l'intimité, personne n'ose se rendre au cimetière.

Le nom du chef est donné, c'est le patron de la ferme rose. Prévenu en hâte, il se cache, la ferme est cernée, sa femme questionnée explique qu'elle ne vit plus avec son mari, se défend et déclare que celui-ci est ami avec le chef de la Kommandantur de Crépy, qu'ils se renseignent. L'ambiance est chaude, très chaude jusqu'à la Libération.

 

La Libération: 28 Août 1944

 

Dans l'après-midi, un roulement sourd se fait entendre, difficile de définir ce bruit, en quelques minutes les chars, les autos mitrailleuses escortées par de grands soldats casqués, en tenue de combat entrent dans Lévignen. Ils arrivent de la route de Betz, en même temps; un coup de feu; un Allemand est tué le long du mur de la ferme ST-Thomas.Un véhicule occupé par des Allemands armés arrive au carrefour coté Paris; c'est la bagarre, les gens venus accueillir les Américains n'ont que le temps de se coucher derrière les troënes dans la cour de la ferme, une grenade projetée explose dans la minute. De la mitraille, un jeune soldat est éventré, il gît à la porte du garage des 3 Lurons, les autres blessés, une balle perdue dans le frigidaire de la boucherie. Les libérateurs partent vers Soissons, ils achèvent un Allemand à la grenade qui survenait à moto.(...) Le soir même, des pièces d'artillerie sont placées au travers du village en vue de represailles. Nous dormons dans la cave.La nuit est agitée.Les envahisseurs partis, l'Armée Américaine occupe leur place. (...)


Note de M.Marc Pilot:
"Le motocycliste abattu était Heinrich WESSEL du St Aufklr Ers Abtl 14. Ont également perdu la vie ce jour-là : Hans de CAMP, officier du 3 Res Flak Abt 323, tué à 11H dans la rue; Reinhard DUBIAN du 3 Pz Abw 42, tué à 12H par une rafale tiré depuis un char US; Andreas EMMERICH du Inf Ers Ausb Kp 34; Ferdinand FRANK du Flg A Rgt 41; Theobald GRUNEWALD, tué la nuit; Rainer HOFMANN du Stam Kp Pz Jg Abt 4; Jose JANSSEN du Stam Kp Fl Ers Btl 103."

La Libération, certes, mais cette guerre laisse des traces après le départ des ennemis. Les Américains entreposent des tas de caisses de munitions tout le long de la route entre chaque peuplier. Un dépôt d'armes se trouve à 500m environ de l'entrée de Boissy-Lévignen, des enfants s'y rendent,s'amusent à désamorcer les munitions; un obus éclate, l'un d'eux perd la vue, un autre a la main gauche coupée, le troisième est gravement blessé. Le danger est encore partout. (...)

Les prisonniers rentrés, chacun retrouve sa place, le travail ne manque pas et dans le bâtiment, il faut reconstruire, oublier ces années noires. Le garde-champêtre qui a vendu le maquis est pendu et enterré avec les Allemands. Le traitre qui a livré le cafetier a été abattu.

Après les règlements de compte, le peuple supporte quelques années de restriction, subit le marché noir. En 1948, il est difficile de trouver vêtements et chaussures."

chaussures."

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 20:00

Vendredi 14 Octobre , les élèves de l'AEC se sont rendus au monuments aux morts de Betz pour rendre hommage aux Poilus de la commune" morts pour la France" en 1914-1918". Ils ont pu ainsi lire les 26 noms gravés dans la pierre. Ce monument comme celui de toutes les communes de France, rend hommage aux jeunes  mobilisés habitant Betz et tués sur toute l'étendue du front, tandis que celui de Montrolles commémore le sacrifice de jeunes soldats venus de nombreuses régions de France tomber dans le secteur de Betz. Ces 2 monuments se complètent et permettent une vision géographique de la Grande Guerre.DSCN2449.JPG

                                             Un Poilu parle des Poilus

DSCN2452.JPGDSCN2456.JPG  Aujourd'hui lors de notre sortie un autre Poilu s'est fait remarquer par son absence. Il s'agit du soldat Broissard qui a deserté l'AEC pour cause de paternité. Nous le félicitons et lui souhaitons ainsi qu'à la Maman tous nos voeux de bonheur. Bienvenue et longue vie à CELIA!!!!!!!!!!!!

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 17:30

 

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 La nécropole nationale de Betz-Montrolles se situe sur la RD 332 entre Betz et Acy-en-Multien (Oise). Il s'agit d'un cimetière militaire doublé d'un monument commémoratif.

Le monument est l'un des plus petit de la région (605 m2) et certainement un des plus ancien, puisqu'il fut érigé en 1915 "à la mémoire des soldats de l'Armée de Paris morts pour la Patrie sur les champs de bataille de l'Ourcq en septembre 1914" En effet, il commémore les combats qui eurent lieu dans la région entre le 6 et le 12 Septembre 1914 dits Bataille de l'Ourcq, combats faisant partie de façon plus générale de la Bataille de la Marne.

La nécropole totalise 44 corps et abrite 2 types de sépultures: Un ossuaire composé de 21 corps enterrés de part et d'autre de la sépulture du Capitaine François Dupont à l'entrée du site. Il s'agit pour la plupart de soldats tués entre le 7 et le 9 Septembre dans les environs du Bois de Montrolles situé à quelques dizaines de mètres du lieu et ayant donné son nom à la nécropole. Il s"agit pour beaucoup d'entre eux de soldats issus de régiments originaires de l'Ouest de la France et en particulier de Bretagne (Vannes, Quimper, Brest, Nantes, Rennes, Ancenis...) Le 316è R.I. fut particulièrement éprouvé par ces combats.De nombreux patronymes bretons se retrouvent inscrits sur le monument.

D'autre part des sépultures individuelles entourent le monument. Il s'agit pour beaucoup, de soldats blessés lors de la bataille du Matz de juin 1918 rapatriés à l'ambulance 5/1 de Betz et décédés de leurs blessures. D'autres soldats morts en 1915, 1916 et 1917 y sont aussi enterrés.   T.A.

                                                    Scan0002.jpg

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  • : Le blog de l'AEC"Archéo-Blockhaus" du collège de Betz
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